18 Février 2018
Je suis tellement, tellement heureuse de vous présenter mon lieu de prédilection vers chez moi, un endroit où j'adore aller plusieurs fois par an, quand on ne sait pas trop quoi faire le week-end, avec mon chéri. Quand on a rien de prévu, qu'il fait beau et qu'on a envie de sortir prendre l'air, mon homme m'emmène dans ce village classé aux "Villages de Caractère" de la Loire car il sait que c'est une valeur sûre, qu'il me fera plaisir à tous les coups en m'y amenant...
J'ai nommé Saint-Bonnet-le-Château, dans notre beau département de la Loire!
Je ne sais pas pourquoi j'aime autant ce village d'environ 1600 habitants situé à seulement 30-35 minutes en voiture de Saint-Just Saint-Rambert, où on vit avec mon chéri. Je me souviens que la première fois où il m'a fait découvrir ce village, en 2014, j'étais littéralement tombée sous le charme de ses ruelles moyenâgeuses, de sa Collégiale majestueuse, du superbe panorama qu'on voit depuis la petite place bordant cette Collégiale et... de ses "momies"!!! Eh bien oui, comment parler de Saint-Bonnet-le-Château sans parler de ses momies! Ou encore du célèbre contrebandier Mandrin (18ème siècle), sorte de Robin des Bois du royaume de France, et qui fit un passage très remarqué chez les Cacamerlots (nom des habitants de Saint-Bonnet-le-Château, oui, oui!)!
Montée jusqu'à la Collégiale de Saint-Bonnet-le-Château et panorama depuis la petite place bordant celle-ci...
Le 20 mai 2017, je suis donc allée à Saint-Bonnet-le-Château, accompagnée de mon chéri. La météo était assez incertaine: tantôt des gros nuages menaçants, tantôt de magnifiques éclaircies.
Nous sommes donc montés jusqu'à la Collégiale et avons pu admirer le paysage depuis la place jouxtant cette majestueuse église. Et quelle vue! Située sur un promontoire rocheux, la commune culmine à 850 mètres d'altitude et bénéficie ainsi d'un panorama allant de la Plaine du Forez jusqu'au Massif du Pilat, et même jusqu'aux Alpes...
Nous sommes ensuite rentrés à l'intérieur de cette splendide Collégiale (église)...
Cette magnifique Collégiale (église) qui est classée aux Monuments Historiques depuis 1922 a commencé à être construite à partir de 1400 et a été achevée aux alentours de 1418. Elle est de style gothique.
Mais cet édifice religieux est surtout connu pour les "momies" qu'on y a découvert...
Des quatre photos ci-dessus, je n'ai pris que les trois premières. J'ai trouvé la dernière sur internet et je vais vous expliquer plus loin pourquoi je n'ai pas pu prendre une photo comme la dernière, de si près... Mais pour l'instant, place à l'histoire, non encore vraiment élucidée, de ces "momies" si mystérieuses...
C'est en 1837 qu'elles furent découvertes, lors d'importants travaux de restauration de la Collégiale.
"Deux apprentis s'affairaient dans la dernière chapelle, côté sud, lorsque le plancher se déroba sous leurs pas. Ils furent précipités quelques mètres plus bas, dans les ténèbres poussiéreuses d'une crypte inexplorée. Très vite, la faible luminosité d'une bougie fit apparaître une quarantaine de corps à la peau tannée, déposés à même le sol dans un linceul. Ainsi venaient d'être découvertes les "momies" de la Collégiale de Saint-Bonnet-le-Château." Extrait du livre de Philippe Marconnet Les Mystères du département de la Loire.
Evidemment, ce ne sont pas de vraies momies car elles n'ont pas été embaumées selon les techniques utilisées notamment par les Egyptiens il y a des siècles de cela. Mais comme elles présentent une ressemblance assez frappante avec les "vraies" momies, c'est ainsi que les Cacamerlots (habitants de Saint-Bonnet-le-Château, hein!) décidèrent de les appeler. En fait, elles ont subi une sorte de dessèchement naturel dû à leur environnement. Car le sol de la crypte est riche en alun et en arsenic et les émanations de ces deux composés chimiques ont permis une très bonne préservation des corps de ces personnes.
Mais justement, qui étaient ces personnes? Comment étaient-elles mortes et pourquoi étaient-elles dans cette crypte? Plusieurs hypothèses virent le jour. La plus connue et la plus sensationnelle (car très relayée par les conteurs) était que ces personnes avaient été emmurées vivantes lors des Guerres de Religion. En effet, le terrible baron des Adrets sévissait dans la région aux alentours de 1562 et cette année-là, le 14 août, des hommes à sa solde vinrent à Saint-Bonnet-le-Château et pillèrent le village. Du coup, à la découverte des "momies", beaucoup pensèrent à cet épisode. Mais cette hypothèse ne tient pas la route dans le sens où on a retrouvé ces corps enveloppés dans un linceul, ce qui signifie qu'elles ont été placées dans cette crypte APRES leur mort.
"En 1995, le Centre de datation de l'université Claude-Bernard de Lyon réalisa des analyses sur des morceaux de tissus et d'ossements de ces cadavres. L'étude démontra que les corps étaient postérieurs à 1650!" Extrait du même livre de Philippe Marconnet.
Plus tard, une anthropologue examina plus minutieusement les cadavres et découvrit sur certains d'entre eux des blessures liées normalement à la guerre et à des batailles: blessures de pieux, d'hallebarde, éclats de boulets de canon... Comment expliquer ces mutilations dans le sens où il n'y eut aucune bataille à proximité du village aux alentours de 1650? Comme certains corps semblaient avoir été des notables (vêtements précieux, mains soignées...), on en est venu à la conclusion qu'il s'agissait sans doute du caveau de la famille d'un notable des alentours. Mais de quelle famille? Et pourquoi ces blessures sur certains de ces cadavres?
En conclusion, les "momies" de Saint-Bonnet-le-Château restent encore à ce jour une énigme et n'ont pas encore livré tous leurs mystères...
Quoi qu'il en soit, pendant toutes ces années depuis la découverte de ces corps, les visiteurs pouvaient descendre directement dans la crypte et les examiner de très près. Or, comme pour la grotte de Lascaux, le gaz carbonique émis par les touristes commençaient à abîmer les cadavres. La commune a donc décidé d'interdire l'accès il y a quelques années et a installé une plaque en verre pour qu'on puisse observer quelques-unes de ces "momies" d'en haut (voir photos ci-dessus). Mon chéri, lui, a pu descendre dans la crypte quand il était petit et quand l'accès était encore ouvert au public, trop de la chance!
Bref, après notre visite de la Collégiale, nous sommes allés déambuler dans les ruelles moyenâgeuses que j'évoquais plus haut, mais aussi sur le chemin de ronde, duquel on a un très beau panorama sur la Plaine du Forez...
Comment parler de Saint-Bonnet-le-Château sans également évoquer le célèbre bandit Louis Mandrin? Pour la petite histoire, ce contrebandier français est né en 1725 en Isère et est mort en 1755 à Valence, dans la Drôme. Son combat contre les collecteurs de taxe (qui étaient très mal vus à l'époque) commence précisément le 27 juillet 1753, lorsque son frère cadet, Pierre, est pendu pour faux-monnayage par ces collecteurs de taxe, justement.
Car à l'époque, comme je l'ai déjà dit, ces derniers sont détestés par la population. En effet, ils prélèvent des taxes sur les marchandises, dont la plus connue est la fameuse gabelle (taxe sur le sel), mais d'autres marchandises, comme le tabac, sont également concernées. Mais ces collecteurs se livrent à d'énormes abus en percevant ces taxes et autres impôts. En bref, ils s'en mettent plein les poches et ne reversent même pas au roi (himself!) sa part! Du coup, ils accumulent souvent d'énormes richesses!
Pour revenir à Mandrin, il intègre un groupe de contrebandiers dont il prend vite la tête. Il achète des marchandises en dehors de la France (surtout tabac et étoffes, surtaxés par les collecteurs d'impôts à l'époque) qu'il revend directement (donc sans taxes) à la population française enchantée de payer moins cher. Mais bien vite, une interdiction royale d'acheter à ces contrebandiers force Mandrin à changer de stratégie. Il va partir en campagne plusieurs fois dans le sud-est (le Puy-en-Velay, Rodez, Beaune, Autun...) et forcer les collecteurs de taxe à acheter ses marchandises très, très cher. Si ceux-ci n'obtempèrent pas, ils sont roués de coups et traînés sur la place publique pour être humiliés devant tout le monde. Généralement, comme vous pouvez vous l'imaginer, après de tels traitements, ces collecteurs lui donnent l'argent et se voient remettre un reçu par Mandrin!!! Ha, ha, ha, j'adore le sens de l'humour de ce contrebandier, ce bandit des grands chemins!
Et bien, voyez-vous, Mandrin est venu plusieurs fois dans la Loire, notamment à Montbrison et une fois... (roulement de tambours) à Saint-Bonnet-le-Château!!! En effet, le 22 octobre 1754, il arriva avec ses hommes chez les Cacamerlots...
"Comme partout, il s'empressa d'aller rendre visite à l'entreposeur des tabacs, ainsi qu'au sieur Gaudin, receveur du grenier à sel. Celui-ci, refusant catégoriquement de céder aux exigences des contrebandiers, fut roué de coups de crosse. Durant plus de deux heures, il fut exposé à la vindicte populaire et vilipendé à travers le bourg de Saint-Bonnet. Finalement, il parvint à réunir la somme de 4000 livres, et fut relâché après avoir reçu, de la main même de Mandrin, la quittance habituelle. [...] Ensuite, Mandrin se rendit chez la veuve d'Antoine Tarchier, débitante de tabac; il l'obligea à lui remettre 300 livres. Un autre groupe était chargé d'aller fouiller les demeures du brigadier des Fermes, Jean Chalus, et d'un de ses employés, André Gagnaire. Leurs habitations furent pillées, les armes, couteaux, ainsi que quelques Louis d'or volés. Tout ce qui ne fut pas emporté fut jeté dans la rue." Extrait du même livre de Philippe Marconnet.
Après cela, Mandrin et ses hommes quittèrent Saint-Bonnet pour Montbrison. Mais quelques mois après, en mai 1755, celui-ci fut attrapé par la justice et emmené à Valence où il fut roué de coups et exécuté sur la place publique. Il avait trente ans.
De nos jours, Saint-Bonnet-le-Château garde un souvenir de ce passage avec sa Maison Mandrin (le bandit s'est-il reposé dans cette maison avant de reprendre la route?) et la Porte Mandrin, arcade par laquelle passe une des routes pavées menant au centre du bourg...
Voilà pour cette petite visite de Saint-Bonnet-le-Château, bourg médiéval niché dans les Monts du Forez et riche en histoire... Si vous passez par la Loire, n'hésitez-pas à aller faire un petit tour du côté de ce village très pittoresque, ça vaut le coup! Et si vous connaissez déjà, n'hésitez-pas à me dire en commentaire s'il vous a plu (ou pas, hein!) et ce que vous avez préféré y voir...
A bientôt!
PS. Il y a une adresse que je souhaite partager avec vous dans ce beau village, et il s'agit du "Bar des Amis" ! Il s'agit d'un petit bistrot de village où on adore aller, avec Julien, à chaque fois qu'on va à Saint-Bonnet. C'est littéralement devenu notre QG là-bas, hi hi! C'est un endroit très simple, convivial, chaleureux et sans chichis où on est toujours très bien accueillis! On y croise aussi bien des familles avec enfants que des randonneurs (il y a beaucoup de beaux chemins de rando autour du village), des motards faisant du moto-cross dans ces mêmes sentiers, des jeunes des environs, mais également des "anciens"... C'est un "melting-pot" générationnel où règne une ambiance très chaleureuse. Sur les murs, toutes sortes de flyers pour des évènements qui vont avoir lieu dans le coin, mais aussi des petites annonces... Ce bar se situe vers l'entrée de l'ancien bourg médiéval, sur la place du Grand Faubourg. On y était encore hier après-midi (voir les photos ci-dessous, j'ai "chipé" la première sur leur page Facebook), à se boire un bon chocolat chaud... Cet endroit a vraiment une belle âme et il s'en dégage une énergie positive et accueillante!