8 Avril 2018
Allez, je vous emmène aujourd'hui visiter un "écomusée"! Euh... un quoi?!!! Ben, un écomusée, pardi! Mais qu'est-ce que c'est, me direz-vous, car tout le monde sait ce qu'est un musée, mais un ECOmusée, bof! Appelons donc le dictionnaire à notre rescousse:
"Un écomusée est un lieu qui vise avant tout à valoriser le patrimoine matériel (outils, habitat...) et immatériel (savoir-faire, métier, religion...) d'un territoire spécifique et de sa population."
Donc, en gros, l'écomusée est un musée qui met en valeur les coutumes du passé d'une zone géographique donnée... Et souvent, ce sont des coutumes dont le passage du temps nous a coupés depuis un ou deux siècles, parfois à peine quelques décennies! Ainsi ce lieu a pour vocation, au final, de reconnecter les habitants d'une région à leur histoire commune ainsi qu'à leurs racines plus ou moins oubliées... Chouette, nan?
C'est donc dans un tel endroit que Chéri et moi nous nous sommes rendus l'an dernier, au début du printemps, pour nous immerger dans la vie des campagnes foréziennes du début du 20ème siècle avec ses métiers traditionnels, son activité agricole ou même sa religion (catholique, of course)! Je ne vous prends pas en traître, chers lecteurs, car j'ai à maintes fois signalé dans ce blog que je suis devenue une vraie petite paysanne depuis que je vis à la campagne, hi hi!
Au cœur de jolies collines verdoyantes, pile à l'endroit séparant l'Auvergne, le Velay et le Forez se dresse un joli village ancien d'environ 1500 habitants, à savoir Usson-en-Forez! Et l'année dernière, Julien et moi avons fait les 45 minutes de voiture environ depuis chez nous à Saint-Just Saint-Rambert pour aller visiter son écomusée...
Ce lieu hors du temps, on le doit en grande partie à Alex Folléas (né en 1922) qui était chirurgien-dentiste dans plusieurs villages des environs. Dès les années 1950, il se passionne pour la vie rurale et rassemble ainsi au cours de sa vie plus de 2000 objets provenant des foyers alentours: des jouets d'enfants, du matériel de dentellière, etc... Cette collection unique illustrant la vie quotidienne dans le Forez du début du 20ème siècle est donnée à la commune d'Usson-en-Forez en 1989. Celle-ci décide donc de restaurer un ancien couvent inutilisé pour accueillir la collection. Et ainsi, l'écomusée ouvre ses portes en 1992!
Après avoir réglé nos 4 euros par personne (prix tout à fait abordable!), nous avons commencé la visite et je peux d'ores et déjà vous dire que j'ai A-DO-RE et que je me suis amusée comme une folle, ha ha! Car, voyez-vous, la visite est assez ludique: on peut toucher beaucoup d'objets, il y a des fonds sonores reproduisant la vie quotidienne de l'époque, on peut monter au sommet d'un belvédère d'où on a une vue assez incroyable sur les Monts du Forez aux alentours, etc... Trop bien!
Le belvédère de l'écomusée d'Usson-en-Forez, au sommet duquel nous sommes montés et avons pu admirer un splendide panorama à 360°!
La visite commençait en extérieur, avec tout d'abord une remise en plein air, protégée par un auvent. On pouvait y voir plusieurs merveilles dont une vieille Renault Estafette bleu clair. Je ne sais pas vous mais j'adooooore les véhicules anciens!!! Je trouve qu'ils ont tellement plus d'allure que les modèles actuels et j'avoue que je suis littéralement émerveillée quand j'en vois passer sur la route! A mes yeux, une vieille "dodoche" (la fameuse 2CV de nos grands-parents, hein!), un vieux modèle de Coccinelle ou encore le fameux van Volkswagen Transporter des années 60 ont plus de cachet et d'élégance que toutes les voitures de maintenant réunies! Ah, le charme de l'ancien, yes baby!!!
Mais il y avait également le Jardin du Curé. Sur 240 m2, la reconstitution d'un jardin de presbytère où l'on pouvait découvrir une centaine de plantes, mais surtout leurs vertus, utilités ainsi que leurs symboliques. Malheureusement, on a visité cet écomusée au mois de mars et la floraison n'avait pas encore commencé, ce qui fait que cet adorable petit jardin était encore un peu "nu". J'imagine qu'il est plus intéressant de s'y promener à partir du mois de mai, lorsque toutes les fleurs sont en éclosion et offrent une jolie palette de couleurs... C'était donc la petite déception de la visite, mais bon, nous y retournerons peut-être un jour à un moment plus propice...
Une remise de matériel agricole en plein air, je mourrais d'envie de monter sur le vieux tracteur de la photo ci-dessus, hi hi!!!
Après nous être promenés dans les extérieurs de l'écomusée, nous sommes finalement rentrés pour commencer la visite à l'intérieur, et on a commencé avec une expo temporaire de l'artiste lyonnaise Danielle Blot-Ducreux qui a d'ailleurs enseigné le dessin à l’école Émile Cohl de Lyon de 1986 à 2008. Voici d'ailleurs ce qui était écrit sur un panneau explicatif à l'entrée de la salle d'exposition:
"A travers le regard qu'elle porte sur les choses simples; paysages, intérieurs ou objets, Danielle Ducreux nous invite à une relecture et à une réinterprétation de notre quotidien. Jouant sur la perception des sujets représentés, parfois au cœur de compositions très étudiées, elle révèle des mondes noyés dans la superficialité et le matérialisme de notre société.
Il y a dans ses œuvres le contact immédiat, la parfaite connaissance de sujets ordinaires et la longue maîtrise d'une matière exigeante: le pastel. Il y a surtout des univers, la polysémie des parties et du tout, des microcosmes faits de textures et de formes, de teintes et de lumières, des paysages pour chacun, une intimité rendue en somme.
Pas de titre, pas de date, pas de guide, nous sommes invités au beau voyage personnel de la perception..."
Et le mot "intimité" est effectivement le mot adéquat car avec ces œuvres, on rentre vraiment dans l'intimité d'une pièce que l'occupant(e) vient tout juste de quitter et qui a laissé des tomates traîner sur une table ou une fenêtre ouverte en grand sur l'extérieur ou encore un tiroir à moitié fermé.
On sent la présence de l'humain (sans jamais le voir) à travers les objets négligemment laissés là. Rien à voir, donc, avec l'univers onirique de Salvador Dali (qui est l'un de mes artistes préférés). Ici, on est plongés dans un quotidien hyper-réaliste qui nous fait redécouvrir ces objets que l'on ne voit plus à cause de la routine de nos vies stressantes et chronométrées. Même si j'adore le surréalisme de Dali ou les œuvres folles de Niki de Saint Phalle (ses "Nanas" sont juste extraordinaires!), j'ai trouvé qu'il y avait quelque chose de touchant et de terriblement familier dans ces pastels de Danielle Ducreux, comme si on revenait d'un long voyage et que l'on redécouvrait notre quotidien avec des yeux nouveaux. Des œuvres personnelles mais universelles en même temps. Bref, cette artiste a été une belle découverte, je dois admettre!!!
Après ça, nous nous sommes rendus dans la reconstitution d'une ferme du début du 20ème siècle. Comme je l'expliquais plus haut, cet écomusée a tout d'abord été un couvent et il se trouve que les religieuses qui l'occupaient à l'époque y possédaient une exploitation agricole en fermage. Longtemps abandonné, cet espace renaît aujourd'hui en gardant son aspect d'origine. On est donc rentrés dans cette ancienne étable remplie d'objets illustrant la vie paysanne. Je me suis d'ailleurs essayée à tourner la manivelle d'une vieille meule à aiguiser des lames, j'ai adoré! Mais le plus amusant dans cette étable, c'était un fond sonore des bruits de la ferme! On entendait donc vaches, poules, etc... et même les agriculteurs parlant le patois avec l'accent du coin! Tout ça pour nous mettre dans une authentique ambiance paysanne, et c'était réussi!
La reconstitution d'une ferme du début du 20ème siècle. Sur les photos ci-dessus, je m'amuse comme une vraie gamine!!!
Après ça, on a visité les différents autres univers de l'écomusée, notamment la salle mettant en valeur une journée ordinaire en 1923. A travers objets du quotidien de l'époque et textes simples, on rentre dans l'intimité d'une journée dans une famille non paysanne Ussonnaise.
Ensuite, plongée dans l'univers chrétien catholique du Haut-Forez entre 1850 et 1990. Ben oui, les amis, la France est un pays de tradition judéo-chrétienne, n'est-ce pas! Ne l'oublions pas! D'ailleurs, même si je me considère plus protestante que catholique aujourd'hui (merci Daddy!), j'ai NEANMOINS été élevée dans la foi catholique avec mes cours de catéchisme et mes deux communions. Je suis donc très attachée à ces deux courants du christianisme et j'étais donc ravie d'arriver dans cette section du musée où l'on pouvait admirer des statues de Vierges ainsi que toutes sortes d'autres objets en lien avec la belle religion chrétienne: habits de communion ou de baptême, chapelets, ex-votos, etc...
A ce stade de l'article, il est important que je signale que je ne vais pas parler de TOUS les univers de cet écomusée car ce serait trop long! La richesse et l'abondance de la collection de ce lieu incroyable sont telles que je suis littéralement obligée de faire l'impasse sur, par exemple, l'atelier des dentellières (car oui, à Usson-en-Forez, nous n'étions pas très loin du Puy-en-Velay, ville réputée pour sa si jolie dentelle!) ou encore le vieux grenier du musée, qui est une reconstitution onirique d'un grenier domestique ussonnais. Je vous invite donc, chers lecteurs, à vous rendre à cet écomusée et à tout voir de vos propres yeux car cela vaut vraiment le coup! J'ai vraiment adoré visiter ce lieu hors du temps, et je le recommande à 300%! Néanmoins, faites bien attention de vous y rendre à partir de fin avril pour voir le Jardin du Curé fleuri!
Avant de vous quitter, toutefois, je vous mets quelques photos des ateliers de vieux métiers disparus (snif!) comme le sabotier (qui fabriquait ces magnifiques sabots en bois) ou encore la fabrication des paillons de seigle. Car oui, entre les deux guerres mondiales, dans les monts du Forez, la fabrication des paillons de seigle, étuis de paille pour le transport des bouteilles de vins fins, de Champagne et d’eau minérale de la Compagnie Fermière de Vichy, était une activité industrielle importante et désormais quasi oubliée...
L'atelier du charron. Le charron était un spécialiste du bois et du métal. Il concevait et réparait les moyens de transports avant leur motorisation. Donc, en gros, tous les chars, chariots, charrettes, etc...Ce métier n'existe plus de nos jours, c'est si triste...
A très très bientôt, mes jolies coccinettes!