Les dessous de la Collégiale de Saint-Bonnet-le-Château dans la Loire...

La Perle du Forez...

C'est ainsi qu'est surnommée la splendide bourgade médiévale de Saint-Bonnet-le-Château, culminant au sommet d'un promontoire rocheux dans le département de la Loire. Située à seulement une petite trentaine de minutes en voiture de chez nous, Chéri et moi y allons régulièrement dans l'année quand nous n'avons rien de prévu le week-end et qu'on a envie de changer d'air. Si les pierres de toutes ces si jolies petites ruelles, vieilles de plusieurs centaines d'années, pouvaient parler, je suis certaines qu'elles auraient beaucoup à nous raconter, entre histoires de bandits et contrebandiers, de riches commerçants, de momies mystérieuses cachées dans des cryptes secrètes, etc...

Et toutes ces charmantes venelles convergent vers la Collégiale, cette majestueuse bâtisse dominant la plaine du Forez. C'est d'ailleurs celle-ci que je vous emmène découvrir aujourd'hui, en route!

Une Collégiale est tout simplement une église qui est ou était dirigée par un collège de moines ou de prêtres. Celle de Saint-Bonnet-le-Château a vu sa première pierre posée le 8 mai 1400 et a vu de nombreux rajouts et agrandissements au cours des siècles suivants. Ce qui fait que la fin des travaux a véritablement eu lieu au 18ème siècle. L'édifice a été classé aux Monuments Historiques en 1922.

Il est surtout connu pour ses mystérieux corps retrouvés en 1837 sous le plancher d'une des chapelles par des ouvriers en train d'effectuer des travaux de rénovation. Ces dépouilles ont été appelées "momies" par leur ressemblance avec les véritables, en Egypte. Car celles de la Collégiale de Saint-Bonnet n'en sont pas véritablement, ce sont des corps qui ont été maintenus dans un excellent état de conservation pendant des centaines d'années grâce à des émanations d'alun et d'arsenic venant du sol. Ils n'ont donc pas été embaumés à la manière égyptienne, mais ont été préservés dans le temps grâce à ces gaz. Mais je ne vais pas m'étendre sur le sujet de ces fameuses "momies" car j'avais déjà longuement écrit à ce sujet, dans un article que vous pouvez retrouver ici. N'hésitez-pas à aller le lire car l'histoire de ces dépouilles est passionnante, même si elle reste non résolue à ce jour...

Néanmoins, la Collégiale possède d'autres trésors que je me propose de vous faire découvrir maintenant...

Moyennant cinq euros par personne, vous avez droit à une visite guidée de la bibliothèque (bien garnie) de la Collégiale, ainsi que des magnifiques fresques de la Chapelle Basse, inaccessibles en simple visite libre.

L'ancienne bibliothèque qui contient environ 2000 ouvrages a été inaugurée en 1717. Elle est riche de nombreux manuscrits, incunables et autres imprimés datant du 15ème au 18ème siècle. Mais qu'est-ce qu'un incunable?

Les incunables, du latin cunabula, signifiant berceau, sont les livres imprimés entre les débuts de l'imprimerie de Gutenberg (1450) et 1501. Ces livres sont de réelles pièces de collection et correspondent à une période de transition entre l'ère des codex (livres formés par l'assemblage de pages manuscrites en parchemin puis en papier) et les livres actuels.

Cette bibliothèque était véritablement impressionnante, surtout pour une amoureuse des livres comme moi! Des ouvrages partout, avec de vieilles et magnifiques reliures en cuir! Des piles qui montaient jusqu'au plafond, des siècles de connaissances dans des domaines aussi variés que la théologie, les mathématiques, la poésie, la médecine ou la musique. Je me suis fait la réflexion que j'aimerais passer du temps dans cette bibliothèque, à feuilleter ces livres centenaires... A noter la présence d'une superbe peinture représentant l'épisode biblique de La Cène, peinte par un certain Guy François (artiste du Puy-en-Velay) en 1630.

Après la visite de la bibliothèque, la jeune guide nous a emmenés voir les magnifiques fresques murales de la chapelle basse, située juste en dessous du choeur de l'église. Ce lieu renferme un des ensembles peints les mieux conservés de la région. Ces peintures ont été réalisées au début du 15ème siècle, sur commande d'Anne de Forez, Dauphine d'Auvergne et dernière comtesse du Forez (1358-1417). J'étais littéralement émerveillée par ces couleurs vives partout, sur les murs, au plafond, alors que ces fresques sont plusieurs fois centenaires! Tous les détails, aussi petits soient-ils, étaient parfaitement visibles... Je ne pouvais m'empêcher de garder la tête levée et d'admirer ces anges musiciens, la chorale céleste, Saint-Luc dans son étude, l'adoration des Rois Mages, etc...

Et enfin, moyennant six euros de plus, la guide a accepté de nous emmener, Chéri et moi, au sommet de la tour du clocher. Nous avons donc grimpé la centaine de marches étroites et sommes parvenus au point culminant de la Collégiale, avec une vue époustouflante, non seulement sur le village de Saint-Bonnet-le-Château lui-même, mais aussi sur la plaine du Forez, les monts du Lyonnais, la chaîne du Pilat et les monts du Velay...

Au sommet, vue sur les gargouilles de l'autre tour du clocher (une en forme de tête de chien et l'autre en forme de tête de Diable), l'usine de fabrication de la boule OBUT (car oui, Saint-Bonnet-le-Château est le berceau des meilleures boules de pétanque du monde, les célèbres boules OBUT, rien que ça!!!), etc...

Pour conclure, cette visite guidée de la Collégiale vaut vraiment le coup, c'est clairement un "must-do" lorsqu'on se rend dans ce si charmant village classé aux Villages de Caractère de la Loire. Mais ces visites n'ont pas lieu toute l'année, il faut se bien se renseigner sur les horaires et les dates... Encore une fois, ce bourg médiéval aura su nous séduire et nous surprendre, alors que nous pensions déjà si bien le connaître! Car Saint-Bonnet-le-Château, c'est ça, ce sont des trésors inestimables qui ne se dévoilent pas tout d'un coup, mais qui se laissent découvrir dans le temps...

A très bientôt!