5 Août 2020
Bon, d'accord, je dois admettre que j'avais de très gros préjugés avant d'aller visiter Calais, il y a plus d'un mois...
En effet, il faut dire que l'image de la ville a sérieusement été écornée à cause de l'actualité, ces dernières années. On ne faisait qu'entendre parler de cette fameuse "jungle", symbole ultime de cette crise des migrants qu'a connue l'Europe ces derniers temps (et qu'elle connaît encore, d'ailleurs). A la télévision, on nous montrait les images de ce bidonville abominable dans lequel vivaient des centaines de migrants dans des conditions plus que déplorables. On nous les montraient ensuite essayant de se cacher clandestinement dans ces camions de transports pour pouvoir faire la traversée de la Manche et enfin arriver en Angleterre, et tout ça au péril de leur vie. Puis venaient le tour de ces commerçants et riverains calaisiens excédés par la situation...
Bref, pas de quoi donner envie d'aller visiter la ville, j'avoue! Mais lorsque je suis allée rendre visite à mes parents en juin, j'ai tout de même voulu aller y faire un tour car j'avais entendu parler en bien de la Cité de la Dentelle et de la Mode ainsi que de l'Hôtel de Ville et son superbe beffroi classé. Nous y sommes donc allés, avec mon Daddy, et grand bien nous a fait car j'ai vraiment été très agréablement surprise par cette ville que j'ai trouvé jolie, bien entretenue, intéressante d'un point de vue touristique et accueillante. Nous n'y sommes restés qu'une après-midi, ce que j'ai regretté car il y avait encore tant de choses à voir! Mais ce n'est que partie remise, puisque j'ai la chance de pouvoir retourner régulièrement sur la Côte d'Opale pour voir ma famille...
En route pour Calais! Let's go!
Pour notre première visite, nous nous sommes arrêtés à l'Hôtel de Ville. Face au bâtiment, on ne peut rater la statue des Bourgeois de Calais, sculpture d'Auguste Rodin représentant six hommes en souffrance. Celle-ci fait référence à un épisode historique de la ville. En effet, en 1346, au début de la Guerre de Cent Ans, les anglais assiègent Calais. Après 10 mois de siège, affamés, les calaisiens se rendent. Six notables de la ville sont désignés pour aller remettre les clés de la ville au roi anglais, Edouard III, comme c'est la coutume au Moyen-Age. Le roi, excédé par ces mois de siège, souhaite exécuter ces six hommes pour montrer l'exemple mais son épouse intercède en leur faveur et ils ont finalement la vie sauve.
Cet épisode marque le début des 211 ans de présence anglaise à Calais (1347-1558).
Cette statue, qui est l'une des oeuvres les plus célèbres de Rodin, pèse pas moins d'1.5 tonnes et a été inaugurée à Calais le 3 juin 1895.
Après ça, nous sommes allés à l'Hôtel de Ville pour visiter son superbe beffroi. Il faut savoir que cet Hôtel de Ville est reconnu comme l'un des plus beaux de France! D'un style régionaliste néo-flamand, il a été construit entre 1911 et 1924. A l'intérieur, plusieurs endroits méritent le détour, comme la verrière Art Déco du rez-de-chaussée ou encore les somptueux vitraux représentant la reprise de Calais aux Anglais (1558) dans le grand escalier de marbre menant au 1er étage. Nous n'avons pu visiter la salle des mariages de l'édifice, mais c'est bien là que le capitaine Charles de Gaulle épousa civilement la calaisienne Yvonne Vendroux en 1921.
L'Hôtel de Ville de Calais. Sur la photo ci-dessus, la superbe verrière Art Déco du rez-de-chaussée, abritant une exposition de sculptures...
Nous sommes donc montés au sommet du beffroi qui culmine à 75 mètres de hauteur, accompagnés d'un groupe de 6-7 autres touristes et d'une charmante guide appelée Sandrine. Très accueillante, elle nous a tout expliqué sur l'édifice, mais nous a également apporté toutes sortes d'informations intéressantes sur la ville de Calais en elle-même. Il faut dire que de là-haut, la ville s'étendait littéralement à nos pieds et on avait une vue imprenable sur les autres monuments, mais aussi le port et la mer, là-bas au loin...
Les beffrois (qui, à la base, sont des tours destinées à supporter et à permettre de faire mouvoir des cloches) font partie du "décor" typique de l'histoire du Nord de la France et de la Belgique. 56 d'entre eux, dont celui de Calais, sont inscrits ensemble, depuis 2005, sur la liste du Patrimoine Mondial de l'UNESCO, sous le nom de "Beffrois de Belgique et de France".
Tout en haut du beffroi de Calais, un vent à couper le souffle et une vue imprenable sur la ville...
Après cette chouette visite, nous nous sommes rendus à la fameuse Cité de la Dentelle et de la Mode, qui est un espace muséographique voué à valoriser le savoir-faire de la dentelle à travers les siècles.
Inauguré le 11 juin 2009, le musée est installé dans une ancienne usine dentellière, l'usine Boulart, fondée dans les années 1870 et en activité jusqu'en 2000. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé sa façade contemporaine reprenant les motifs de la dentelle. Le premier niveau du musée raconte l'histoire de la dentelle à la main, avant l'avènement de la dentelle fabriquée à la machine. Puis aborde l'histoire de la dentelle mécanique née au cours du 19ème siècle. Et se termine enfin par une maquette de la ville montrant les conséquences urbaines du développement de cette industrie
Inventée au milieu du 16ème siècle, la dentelle était le fruit d'un long et minutieux travail manuel. De ce fait, seules les classes véritablement aisées pouvaient se permettre d'en acheter. Avoir des vêtements en dentelle était donc synonyme de prestige en société. Pendant trois siècles, l'élaboration de la dentelle restera manuelle, jusqu'à l'avènement de la machine au 19ème siècle.
Le premier niveau du musée relate l'histoire de la dentelle, depuis sa création où elle n'était que manuelle, jusqu'à sa mécanisation au 19ème siècle.
Il faut savoir que la ville actuelle de Calais résulte de la fusion, en 1885, de deux villes distinctes: Calais, la ville bourgeoise, et Saint-Pierre-Lès-Calais, ville ouvrière et industrieuse. Sur la maquette ci-dessus, on peut voir les deux villes assez distinctement, avant leur fusion...
Alors pourquoi parle-t-on de dentelle DE CALAIS??! Car oui, la dentelle se fabriquait également à d'autres endroits qu'à Calais! Pourquoi donc cette spécificité de cette ville de la Côte d'Opale?
Au début du XIXe siècle, quelques mécaniciens, ingénieurs et fabricants de tulle anglais, originaires de la région de Nottingham, émigrent sur le continent pour fuir une période de trouble économique et social et tenter de faire fortune. Certains s’implantent à Saint-Pierre-Lès-Calais, important en fraude métiers à tisser et coton filé depuis l'Angleterre. L'un d'eux, un certain John Levers, a une idée de génie: faire fusionner un métier à tisser Jacquard (technologie française) avec les machines anglaises. Ce qui résulte en la création des fameuses et imposantes machines Leavers, monstres hybrides qui permettent d'industrialiser le secteur de la dentelle à une plus grande échelle. Ces améliorations techniques ont donné à la dentelle de Calais son côté unique, prisé aujourd'hui dans le monde entier et dans l'univers de la mode.
Finies les petites dentellières aux mains habiles, et place à des ouvriers costauds pouvant manier les lourds mécanismes de ces géants de fer produisant un vacarme assourdissant!
Ces machines, nous avons pu les admirer au second étage du musée, dans la première salle. Puis, dans une deuxième pièce, nous avons pu voir l'évolution de la dentelle dans le secteur de la mode et de la haute-couture, tout au long du 20ème siècle. Les robes et autres toilettes qui y étaient exposées étaient vraiment magnifiques!
Ci-dessus, j'ai eu le coup de coeur pour cette longue robe bustier noire et blanche de la maison Balmain et créée en 1958. J'ai également aimé ce petit tailleur multicolore avec des noeuds de la maison Dior et créé en 1990.
Et enfin, nous sommes allés faire une petite balade sur le front de mer, rapidement écourtée à cause du vent déchaîné (nous avons dû battre en retraite tellement il était violent). Nous avons cependant eu le temps d'admirer le célèbre Dragon de Calais, nouveau symbole de la ville! Il s'agit d'une construction en acier et en bois sculpté faisant 10 mètres de hauteur et 25 mètres de long! Totalement mécanisé, il est capable de se coucher, se lever, se cabrer et déployer ses ailes...
Inauguré en novembre 2019, ce Dragon est doté d'effets et peut cracher du feu, de l’eau ou encore diffuser de la brume. Le véhicule est à propulsion hybride faite d'eau, d'air et d'électricité. Il peut ainsi se déplacer jusqu'à 4km/h!
Un escalier incrusté dans sa queue permet d'accéder à une terrasse accueillant jusqu'à 50 personnes. Malheureusement, nous n'avons pas pu y monter puisque nous sommes arrivés trop tard (après 18 heures), mais c'est clairement une chose que j'aimerais faire lorsque j'y retournerai un jour!
Voilà donc pour cette après-midi passée à Calais. J'ai honte de devoir admettre que j'en avais une image assez négative alors que je n'y étais jamais allée! Mais cela a bien changé! Alors que nous faisions un petit tour en voiture dans la cité calaisienne, je me suis aperçue qu'il y a tellement d'autres choses à voir, comme les parcs Saint-Pierre et Richelieu, la place d'armes avec sa tour du guet, l'église Notre-Dame, le phare, la citadelle, etc... J'avoue que j'ai hâte d'y retourner, du coup, pour découvrir tout ça...
Bref, je vous recommande donc la visite de cette si jolie ville de la Côte d'Opale! Si vous passez dans le coin, n'hésitez-pas à y faire un arrêt!
A très bientôt!