26 Février 2021
Aujourd'hui, c'est au coeur de la Dordogne que je vous emmène, dans cette magnifique région du Périgord! Le Périgord Noir, pour être précise...
Chéri et moi y sommes allés en 2018 et nous avons A-DO-RE visiter ce coin magnifique de France. A tel point que lorsqu'on évoque tous les voyages qu'on a fait, le Périgord revient toujours en tête du classement, oui, oui! Il faut dire que nous retrouvons dans le Périgord tout ce que nous aimons lors de vacances réussies: des villages en vieilles pierres perdus au sein d'une campagne verdoyante, des châteaux anciens, des monuments riches d'Histoire, des sentiers de randonnée dans des forêts, une gastronomie authentique et de terroir, etc...
En résumé, des vacances dans des lieux superficiels comme Cancun, Dubaï ou encore Ibiza ne nous attirent pas du tout! Le tourisme de masse, ce n'est décidément pas notre "truc"...
La Dordogne est surnommée "Le Pays aux 1001 châteaux" car c'est effectivement dans ce département que l'on trouve le plus grand nombre de ces édifices en France, rien que ça! Et c'est justement l'un d'entre eux que je me propose de vous faire découvrir aujourd'hui, le splendide château des Milandes...
Let's go!
Le château des Milandes fut construit à la fin du XVème siècle, en 1489, par François 1er de Caumont.
Ce dernier, désireux de quitter la forteresse féodale de Castelnaud (un autre château des environs qui lui appartenait), fit construire pour sa femme Claude de Cardaillac une demeure d'agrément ouverte sur l'extérieur et dominant la vallée de la Dordogne.
Ce château reste dans la famille de Caumont jusqu'en 1789, année de la terrible Révolution Française. A la suite de cela, l'édifice est vendu aux enchères. Un notaire, maître Bonnet, en fait l'acquisition mais ce dernier le laisse à l'abandon...
Mais en 1900, le domaine est racheté par un riche industriel français, Charles Claverie, qui s'attache à restaurer complètement le bâtiment en piteux état, ainsi que les jardins attenants. Sous la direction de l'architecte en chef des Monuments historiques Henri Lafillée (1859-1947), de nouveaux éléments de style néo-gothique et néo-Renaissance sont ajoutés, comme des tours, des logis, des balcons, des balustrades agrémentées de sculptures allégoriques, et enfin, un jardin à la française est créé en 1908 par Jules Vacherot.
Puis, à la mort de Charles Claverie en 1914, le château passe encore entre les mains de différents propriétaires avant qu'une certaine Joséphine Baker ne le loue en 1938, puis ne l'achète en 1947.
Ah, Joséphine Baker!!!
Il y aurait tellement de choses à dire sur cette femme hors du commun née en 1906 à Saint Louis, dans le Missouri, et décédée à Paris en 1975... Issue d'une famille très pauvre, elle rejoint très tôt une troupe itinérante d'artistes de rue. Mais Joséphine voit grand et décide d'aller tenter sa chance à Broadway où elle se verra confier plusieurs rôles mineurs dans des spectacles, avant de rejoindre la compagnie de danse Plantation Club, à laquelle il sera proposé un contrat très alléchant à Paris pour La Revue Nègre, une comédie musicale qui va faire d'elle une star internationale.
Mais malheureusement, la Seconde Guerre Mondiale arrive et elle devient membre actif de la Résistance. Elle remplit de délicates missions pour le compte des gouvernements alliés, allant même jusqu'à cacher dans son soutien-gorge un microfilm contenant une liste d'espions nazis pour le remettre à des agents britanniques! Elle prend donc d'immenses risques durant cette période et se voit donc récompensée de plusieurs décorations comme Chevalier de la Légion d'Honneur, la Croix de Guerre ou encore la médaille de la Résistance française...
Mais c'est surtout pour son activisme dans la cause des Afro-Américains que je l'admire le plus. En 1963, elle retourne aux Etats-Unis pour soutenir le mouvement des Droits Civiques du pasteur Martin Luther King. Elle participe d'ailleurs, la même année, à la Marche sur Washington organisée par ce dernier et à l'occasion de laquelle elle prononce un discours, vêtue de son ancien uniforme de l'armée et de ses médailles de résistante. Une femme courageuse et admirable, se battant pour de nobles causes!
"Tous les hommes n’ont pas la même couleur, le même langage, ni les mêmes mœurs, mais ils ont le même cœur, le même sang, le même besoin d’amour."
Joséphine Baker
Sur les photos ci-dessus, quelques pièces de l'intérieur du château, aménagé par Joséphine Baker... Sa fameuse ceinture de bananes, avec laquelle elle dansa en tant que meneuse de revue aux Folies Bergères dans les années 1920, est exposée au côtés de certaines de ses robes...
Joséphine Baker est donc l'heureuse propriétaire du château des Milandes pendant plusieurs années, de 1947 à 1968. Pendant ce laps de temps, elle et son quatrième mari Jo Bouillon adoptent 12 enfants de nationalités différentes (Corée, Finlande, Colombie, Maroc, Côte d'Ivoire...). Ils souhaitent prouver au monde entier que des enfants de nationalités différentes pouvaient vivre ensemble dans la joie.
Pour eux, seule existait la race humaine...
Elle créé ainsi la "tribu Arc-en-Ciel", symbole d'une famille unie et heureuse...
Cependant, les finances du couple s'amenuisent du fait du train de vie dispendieux de l'artiste. En 1968, c'est la faillite et le domaine est vendu aux enchères pour une bouchée de pain. Jo Bouillon, fatigué des caprices de sa femme, demande le divorce et part vivre en Argentine. Joséphine remonte sur scène pour renflouer les caisses, part vivre à Paris et mourra d'épuisement quelques années plus tard, en 1975.
Après cela, le château connaîtra différents propriétaires jusqu'à la famille de Labarre, actuelle détentrice du domaine depuis 2001.
Après avoir visité l'intérieur du château, nous avons pu assister à un spectacle de rapaces d'environ 30 minutes sur l'esplanade nord de la propriété. Car oui, le château des Milandes abrite une fauconnerie! Le maître fauconnier nous a ainsi montré des hiboux grands ducs, diverses espèces de faucons et de buses, une chouette lapone, un aigle pygargue à tête blanche, etc...
Et enfin, une petite promenade dans le jardin à la française du domaine, labellisé "Jardin Remarquable" au printemps 2018. Ce label, créé en 2004, vise à reconnaître et valoriser des parcs et jardins ouverts au public et bien entretenus. Il prend en compte différents critères comme la composition, l'intérêt botanique ou historique, la présence d'éléments remarquables, la qualité de l'entretien, etc...
Et je peux affirmer que ce parc mérite amplement ce label de qualité, tant il est magnifique!
Voilà donc pour ce premier article d'une longue série consacrée au Périgord. Ce séjour en 2018 restera à jamais gravé dans ma mémoire et je ne comprends pas pourquoi je n'ai jamais pris le temps d'écrire sur ce coin de France absolument enchanteur...
Mais cette "erreur" sera vite réparée ces prochaines semaines. Stay tuned!
A très bientôt!