Randonnée jusqu'à la tourbière de Gimel dans le massif du Pilat!

Et me revoilà pour une énième rando dans le massif du Pilat, décidément!

Je pense que je peux le dire maintenant: je suis littéralement obsédée par ce si joli coin de Nature vers chez nous, dans la Loire! J'adore y aller et y retourner, et y retourner encore!

Je ne me lasse jamais de crapahuter sur ces si jolis sentiers traversant forêts, prairies d'altitude, vallées verdoyantes, petits cours d'eau, jolis villages pittoresques en vieilles pierres... Je ne me lasse jamais de déguster une délicieuse tarte aux myrtilles faite maison à la Jasserie ou encore un délicieux jus de pommes frais élaboré avec les fameuses pommes de Pélussin... Je ne me lasse jamais de découvrir le petit patrimoine comme la Chapelle de Saint Sabin (article à venir là-dessus d'ailleurs!) ou encore les pierres mystérieuses dont le Pilat regorge comme les pierres de Marlin...

Mais aujourd'hui, je vous emmène à la découverte d'un écosystème naturel remarquable et ô combien fragile, à savoir une tourbière! Le massif du Pilat en compte principalement deux, mais c'est celle de Gimel que je vous propose de découvrir dans cet article. Enfilez donc vos baskets de rando et partons ensemble sur ces si beaux sentiers menant à cet endroit remarquable par sa biodiversité! 

Let's go! 

Le dimanche 8 mai dernier, Chéri et moi avons mis le cap sur le village de Saint-Régis-du-Coin dans le massif du Pilat, point de départ de notre randonnée de 12 kilomètres. La météo n'était pas vraiment au beau fixe, mais il ne pleuvait pas et c'est tout ce qui importait. D'ailleurs, nous avons même eu droit à quelques belles éclaircies pendant notre marche!

Nous ne nous sommes pas attardés dans le village après avoir garé la voiture à côté de la petite église. Généralement, on fait un tour du village APRES la rando: "First Things First", comme le dit si bien le dicton anglais!

Nous avons marché jusqu'à un premier hameau. L'occasion d'admirer de superbes myosotis bleus sur le chemin. Saviez-vous que cette fleur est la fleur des amoureux en poésie et dans les légendes populaires? Plante aphrodisiaque, elle permet en effet de garder le souvenir de l'être aimé. Ses fleurs qui se régénèrent durant toute la saison ont été choisies comme symbole d'un amour sans cesse renouvelé... Ah, l'Amour!

Nous avons poursuivi notre chemin et soudain, devant nous, d'immenses tas de grumes de chaque côté du chemin! Pour quelqu'un qui aime tant les arbres comme moi (Idéfix, sors de ce corps!), inutile de vous dire que ce fût un choc immense, comme si je recevais un coup de poing violent dans le ventre! J'avais presque envie de pleurer en marchant sur ce sentier bordé de hauts murs formés d'arbres morts... 

Je comprends (ou j'essaie de comprendre) qu'il faut en abattre, mais pourquoi autant???!

Il a fallu plus de 4 milliards d'années à la Terre pour créer l'Arbre. Dans la chaîne des espèces, l'Arbre est un aboutissement en soi, une sculpture vivante et parfaite.

Les arbres respirent et renvoient l'eau du sol en brume légère dans l'atmosphère. Ils forment un manteau qui atténue la violence des pluies. Ils apportent l'humidité nécessaire à toute vie. Les forêts stockent le carbone (si néfaste à la couche d'ozone). En fait, elles en contiennent davantage que toute l'atmosphère de la terre. Elles sont l'une des pierres angulaires de l'équilibre climatique dont nous dépendons tous.

En coupant les arbres, nous nous privons de l'oxygène que nous respirons tous les jours!

Comme je l'ai déjà dit précédemment, j'aime tellement randonner dans le massif du Pilat, mais force est de constater qu'à chaque fois qu'on s'y promène avec Chéri, on tombe sur ce genre de spectacle désolant, et c'est de pire en pire. Alors qu'on ne me parle pas de forêts gérées durablement car il y a trop de coupes, beaucoup trop! D'ailleurs, si vous me lisez un jour, vous les gestionnaires des forêts du Pilat, n'hésitez pas à me contacter pour m'expliquer la raison d'un tel acharnement, je serais ravie d'échanger avec vous!  

Bref, après cet épisode qui m'a littéralement coupé le souffle, nous avons continué la rando en silence. Mais j'ai rapidement retrouvé l'usage de la parole en contemplant les paysages magnifiques nous entourant pendant la marche. Certes, il ne faisait pas très beau et de gros nuages gris passaient dans le ciel à toute vitesse, mais cela n'enlevait pas à la beauté d'une Nature qui était en train de se réveiller après les longs mois d'hiver...

Puis nous sommes finalement parvenus à la tourbière de Gimel!

Une tourbière est une zone humide caractérisée par la présence de sphaignes, des mousses qui, en mourant, s'accumulent progressivement pour former de la tourbe, un sol caractérisé par sa très forte teneur en matière organique d'origine végétale. Ces écosystèmes tourbeux couvrent 3 à 5% des surfaces terrestres émergées, mais la biodiversité y est très élevée et absolument remarquable.

Par exemple, la tourbière de Gimel abrite des espèces végétales et animales très diversifiées comme le lézard vivipare, la droséra à feuilles rondes (l'une des plus célèbres parmi les plantes carnivores), le fraisier des marais, la linaigrette (plante au plumage blanc caractéristique), la vipère péliade ou encore toutes sortes d'insectes comme le petit collier argenté (papillon) et la petite nymphe au corps de feu (libellule)... Au total, plus d'une centaine d'espèces animales ou végétales répertoriées!

Toutes ces espèces cohabitent en parfaite harmonie dans cet écosystème qui peut se révéler hostile. En effet, le sol acide et pauvre en minéraux, le froid, l'humidité, etc... sont autant de conditions inhospitalières pour les êtres vivants. Mais toutes ces espèces se sont adaptées à ce milieu.

Le Parc Naturel Régional du Pilat a installé un sentier sur caillebotis (chemin sur planches de bois surélevées) de 940 mètres, serpentant à travers la tourbière.

Mais ce qui également important de mentionner en parlant des tourbières en général, c'est qu'elles sont de véritables "puits de carbone". Cela signifie que leur tourbe (sphaignes mal décomposés, vous vous souvenez?) stocke 2 fois plus de carbone (CO2) que l'ensemble des forêts de la planète. Or, le carbone est extrêmement néfaste pour l'atmosphère et la couche d'ozone.

Ce qui signifie qu'en détruisant les tourbières (et les forêts), c'est l'effet inverse qui se produit: une grande quantité de dioxyde de carbone est rejetée dans l'atmosphère, accentuant l'augmentation de l'effet de serre.

Petit aparté: les feux de forêts massifs qui ont eu lieu récemment dans le Sud-Ouest de la France, ou encore en Californie (j'en parle puisque mon Daddy vient de ce coin des Etats-Unis) m'ont terriblement inquiétée par la destruction de la biodiversité qu'elles abritaient, mais surtout par la quantité énorme de carbone qui a dû être rejetée dans l'atmosphère, augmentant ainsi le phénomène de réchauffement climatique...

Et voilà, j'ai encore réussi à caser l'écologie dans un de mes articles, ha ha! C'est que ce sujet me tient tellement à coeur! Je suis tellement navrée de constater tous les dégâts que cause le réchauffement climatique (provoqué en grande partie par l'activité humaine, hein!): fonte des glaciers, mort des coraux dans les océans, nombreuses espèces animales en voie de disparition, etc...

Bon, revenons à nos moutons et continuons la randonnée lol! Après avoir pris notre temps à découvrir la tourbière de Gimel, nous nous sommes remis en route car il nous restait encore pas mal de chemin à faire avant de revenir à Saint-Régis-du-Coin... Après avoir pique-niqué non loin de la tourbière, nous avons donc continué jusqu'à la Scie de Gimel...

Sur le chemin, on a pu admirer de magnifiques spécimens de Pensées des Vosges d'un superbe bleu!

Et enfin, dernière ligne droite avant le retour à Saint-Régis-du-Coin, où la voiture nous attendait.

La commune de Saint-Régis-du-Coin a vu le jour assez récemment, en 1858 en fait. Son territoire a été créé à partir de parcelles prises sur les communes voisines de Marlhes et de Saint-Sauveur-en-Rue. Son nom aurait été choisi en réparation des outrages que la population de ces lieux aurait fait subir à l'apôtre du Vivarais Saint François-Régis trois siècles plus tôt. 

Nous avons visité la petite église du village avant de reprendre la voiture pour rentrer chez nous, à Saint-Just-Saint-Rambert.

En conclusion, une bien jolie balade qui nous a énormément plu. Le seul problème à mes yeux, c'était ces coupes d'arbres bien trop importantes. Je ne peux pas me résoudre à voir ça, cela me fend le coeur. J'ai l'impression de marcher dans un cimetière lorsque je marche à côté de ces tas de grumes, c'est plus fort que moi... 

Mais en même temps, j'aime la façon dont le Parc Naturel protège certaines zones naturelles fragiles comme cette magnifique tourbière de Gimel...

En tout cas, cette randonnée vaut clairement le détour et elle n'est pas du tout difficile (peu de dénivelé). Il faut juste prévoir de très bonnes chaussures de marche car passages sur sentiers parsemés de rochers bien acérés.

A très bientôt!