17 Septembre 2022
La toute première fois que j'ai entendu parler du Luberon, c'était en visionnant une vidéo de Camille Etienne, la jeune activiste écologiste française.
C'était en 2020, juste après le premier confinement. Elle avait posté cette vidéo qui a fait le buzz et qui s'intitulait "Réveillons-nous", que je vous recommande vivement de visionner, chers lecteurs, car elle est magistrale. Dans un décor somptueux de montagnes, elle y dresse le bilan catastrophique des activités humaines sur la Nature et le climat, mais elle y donne également des conseils pour limiter notre impact sur l'environnement.
Et justement, l'une de ses recommandations est de "descendre des avions et se réconcilier avec le Luberon". Ce qu'elle entend par là, au delà du fait qu'elle cherche manifestement à faire une bonne rime, c'est qu'il est urgent pour nous tous de délaisser ce moyen de transport ultra-polluant qu'est l'avion (surtout pour des petites distances) pour privilégier des destinations locales.
Car, après tout, nous vivons dans le premier pays touristique mondial! Pas besoin, donc, d'aller à l'autre bout du monde pour voir de belles choses et de beaux paysages!
Ne connaissant pas du tout cette région, Chéri et moi avons décidé d'aller y passer nos vacances d'été cette année. Fin juillet, on a commencé à regardé les offres d'hébergement proposées dans le secteur et avons très rapidement été séduits par ce magnifique gîte de charme en vieilles pierres perdu au milieu de la campagne et pourvu de deux piscines (rien que ça!), j'ai nommé le Hameau de Pichovet...
Let's go!
Après avoir quitté une voie départementale, il faut faire 2,5 kilomètres sur une petite route cahoteuse s'étirant à travers champs et tellement étroite que deux voitures ne peuvent même pas s'y croiser sans devoir se garer sur le bas-côté. Puis, quelques centaines de mètres sur un chemin caillouteux non répertorié par le GPS pour finalement parvenir à la grille de l'établissement perdu au milieu d'une forêt s'étalant à perte de vue... Le petit supermarché le plus proche se trouve à environ 25 minutes de route: on a voulu la tranquillité, on est servis!
Je me rends compte que j'ai bien changé depuis que je suis venue vivre dans la Loire pour rejoindre Chéri il y a presque huit ans. J'ai quitté une vie de citadine endurcie à Lyon pour une vie simple et paisible dans une commune semi-urbaine mais très proche de la campagne. Au fur et à mesure que les années ont passées, mes goûts ont progressivement changés.
Déjà en ce qui concerne les sorties: je n'ai plus envie d'aller dans des pubs branchés pour boire des coups, le cinéma ne me fait pas plus envie que ça, les virées shopping sont un cauchemar, etc... Je préfère bien plus aller faire une bonne rando et m'extasier sur la beauté de la Nature, rester tranquillement chez moi et lire un bon bouquin sur mon transat ou encore m'occuper de mes plantes...
Ne parlons même pas de mes goûts vestimentaires: je suis passée de citadine fashionista avec mini-jupe et talons au combo jean/baskets/chemise à carreaux ou petit t-shirt tout simple, lol! Une vraie campagnarde!
En ce qui concerne les vacances, finies les croisières ultra bruyantes et polluantes, les campings où la promiscuité règne ou encore les grandes métropoles remplies de monde! Je préfère des endroits calmes, en pleine Nature. En fait, je me suis découvert une nature très solitaire ces dernières années, j'ai besoin d'être seule pour recharger les batteries. Je souffre du trop de monde. Je sais que ce n'est pas très bien vu de dire ça de nos jours puisqu'il y a cette obligation sociétale d'être sociable, d'avoir beaucoup d'amis, etc... Sinon, on est vus comme un ours des Pyrénées, comme quelqu'un qui a un problème d'adaptation à la vie en société, un ermite en somme.
Mais Dieu merci, Chéri est exactement comme moi, quel soulagement!
Du coup, pendant nos congés, nous souhaitons être tranquilles, Chéri et moi! Nous voulons du calme et de la quiétude. Et pour la toute première fois de nos vies, on a enfin trouvé ça au Hameau de Pichovet, un lieu tellement paisible et hors du temps...
Nous avons logé pendant huit jours dans l'appartement "La Bergerie" qui, comme son nom l'indique, est une ancienne bergerie rénovée (d'où les murs voûtés). Nous étions sensés loger dans un appart plus petit, mais il y a eu un souci (je ne sais pas lequel, ne me demandez pas) et Michèle, la propriétaire des lieux, nous a proposé de résider dans La Bergerie, pour le même prix! Du coup, on a gagné environ 250 euros et on a séjourné dans un gîte plus spacieux: 90 m2 (plus grand que notre appart où nous vivons dans la Loire lol)!
Sur les photos ci-dessus, vous pouvez voir ce qui a été notre petit cocon d'amour pendant huit jours en ce début de mois de septembre (on préfère partir hors-saison car on n'a pas d'enfants). J'ai adoré la déco très simple: avec toutes les commodités mais sans superflu. Et Dieu seul sait à quel point on peut vite devenir des accumulateurs compulsifs dans cette société de consommation qui est la nôtre. Pas de tableaux sur les murs, pas de vases divers, etc... Mais cela m'allait très bien car j'aime tout ce qui est rustique, sans chichis.
Une autre chose que j'ai particulièrement aimée avec cet appartement, c'est la vue! Lorsque nous sortions sur la petite terrasse le matin, panorama sur la grande colline d'en face. Pas de vis-à-vis, que de la Nature à perte de vue, Whaou!
Avec les photos ci-dessous, je vous emmène à la découverte des extérieurs du Hameau de Pichovet. J'adore ces bâtisses anciennes en vieilles pierres, elles ont un charme indéniable. Vous remarquerez aussi qu'il y a deux piscines: une plus petite mais chauffée pour les enfants et une autre, plus grande (chauffée également) réservée au farniente et au repos. J'aime ce concept d'une piscine spécialement dédiée aux enfants car Chéri et moi avons fait plusieurs résidences de vacances jusqu'à maintenant et à chaque fois, on ne pouvait pas buller tranquillement au bord de l'unique bassin ou tout simplement se baigner car les enfants prenaient tout l'espace, criaient, éclaboussaient, etc... Donc deux piscines, c'est une excellente idée!
Mais ce qui m'a le mieux plu pendant le séjour, c'est le calme, le silence.
En ce lieu isolé et retiré de la frénésie du monde extérieur, j'ai appris à vraiment écouter le silence pour la première fois de ma vie. Ecouter le silence. Cela peut sembler un paradoxe puisque le silence est, par définition, l'absence de sons.
Mais croyez-moi, chers lecteurs, le silence a un son!
Celui des feuilles des arbres bruissant dans la brise du soir, celui de ces bourdons pressés qui passent à toute vitesse à côté de nous, celui de ce lointain tintement des cloches du troupeau de chèvres en train de paître plus bas dans la vallée, celui de ces centaines de cigales chantant au clair de lune, celui de ces tourterelles roucoulant autour de la piscine, celui du clapotis de l'eau de la piscine, celui de ce tracteur qui remonte au loin la colline d'en face...
Pas de télévision (on l'a à peine regardée pendant notre séjour), pas de musique, pas de sons humains, pas de distractions, juste les sons apaisants et relaxants de la Nature. Au fur et à mesure des jours, nous étions de plus en plus déconnectés de cette vie quotidienne stressante avec son flot d'informations. Pour vous dire, on n'a pas tout de suite réalisé le décès de la reine d'Angleterre, alors qu'elle est morte pile au milieu de notre séjour!
Ce silence ambiant nous a permis de ralentir le rythme, le temps a pris une autre dimension, beaucoup plus lente, beaucoup plus profonde.
Le soir, je m'allongeais sur l'un des transats de notre petite terrasse en m'emmitouflant dans une grosse couverture. Là, j'admirais le ballet gracieux de ces magnifiques constellations dans le ciel sombre. La Grande Ourse (avec sa forme si particulière de casserole), bien sûr, mais aussi l'infatigable Orion décochant sa flèche de chasseur ou encore l'envol majestueux du Cygne.
Aucune pollution visuelle aux alentours, des étoiles comme je ne les avais jamais vues auparavant: des milliers, des milliards. J'étais hypnotisée, je ne me rassasiais pas de ce spectacle magnifique. Je restais là une heure sans bouger, admirative de ces astres célestes si lointains, de cette toile noire sur laquelle brillaient tant de petits diamants, tout en me faisant la réflexion que nos tracas du quotidien sont bien peu de choses par rapport à l'immensité de l'Univers...
Que d'heures passées à la piscine, à lire un bon livre ou tout simplement à s'imprégner de ce calme ambiant...
Bien entendu, j'ai beaucoup lu pendant ce séjour. Les vacances, c'est toujours le moment où l'on peut prendre plus de temps pour lire. J'ai amené plusieurs bouquins dans ma valise mais je n'ai pu en lire qu'un seul, au final, et j'ai adoré cette lecture! Il s'agit du livre "Par la force des arbres" d'Edouard Cortès. L'histoire vraie d'un berger qui ne parvient plus à payer ses traites et qui est obligé de vendre son troupeau de brebis. Le coeur brisé, il décide de se construire une cabane dans un vieux chêne du Périgord Noir, perdu au milieu d'une grande forêt, et d'y vivre en reclus pendant trois mois pour se reconstruire après cet échec professionnel...
Au fil de ses jours passés dans cette cabane, l'auteur livre au lecteur ses réflexions sur la vie, mais aussi ses observations de l'environnement naturel qui l'entoure. Un jour, c'est une invasion de fourmis qui traversent sa cabane pour aller sucer le miellat des petits pucerons logeant dans les cimes du vieux chêne. Un autre, c'est la saison des amours chez les mésanges bleues, etc...
Je ne peux résister à l'envie de partager avec vous deux passages que j'ai beaucoup aimés:
"Le monde présent est un chien qui ronge l'homme jusqu'à sa moelle. A tant adorer ce qui est mais ne compte pas, on finit par ne plus rien savoir de ce qui compte mais ne se voit pas."
"La forêt est un pays qui n'exige aucun visa. Elle n'a rien à vendre, tout à donner. Quand la forêt lance son appel, l'écho de nos profondeurs tente de lui répondre. La sylve fait vibrer en nous la meilleure part. Je n'ai pas peur de me perdre en forêt, j'y sème mes doutes sur les sentiers, tentant de faire venir un printemps sur mon âme."
Je ne peux que dire que cette lecture était parfaitement adaptée au cadre, puisque le hameau était entouré de bois et de végétation. Certes, nous n'étions pas dans une cabane, mais j'ai trouvé que le silence qu'expérimentait l'auteur dans sa forêt résonnait avec le silence et le calme de notre gîte en vieilles pierres perdu dans la campagne du Luberon.
Et oui, j'ai troqué mes jeans et chemises à carreaux pour cette petite robe blanche d'été! Je sais, malgré tout, rester coquette de temps en temps! (et puis, ça fait joli pour les photos!)
La propriétaire des lieux, Michèle, a été remarquable par son accueil chaleureux. Elle nous a également bien aidés lorsque le voyant d'un pneu dégonflé est apparu sur le tableau de bord de la voiture de mon Chéri alors que nous étions sur la route du retour au hameau. Lorsque nous sommes rentrés, nous sommes allés lui demander où l'on pouvait trouver une station de gonflage pas trop loin.
Mais il se trouve que Michèle avait un compresseur chez elle!!! Elle l'a mis en route, on a pu regonfler les pneus au hameau, réinitialiser le voyant sur le tableau de bord, et le tour était joué! Plus de problème jusqu'à maintenant!
On ne sait pas grand-chose de son histoire, si ce n'est qu'elle vivait dans le Gard et qu'elle a décidé de tout plaquer il y a quinze ans pour rénover le hameau qui était alors abandonné, pour y installer une table d'hôtes (qu'elle ne fait plus maintenant, trop de travail). Maintenant, elle loue ces appartements tout équipés pour ne plus avoir à faire la cuisine, allègement de charge de travail.
Comme nous ne sommes pas du genre à nous immiscer dans la vie des autres, nous n'avons pas posé plus de questions. Et puis, comme diraient les Inconnus, cela ne nous regarde pas. Elle se fait néanmoins aider par une autre dame, Laurence, qui est apicultrice. Cette dernière possède plusieurs ruches disséminées dans les environs. Elle vend ses pots de miel de lavande sur les marchés locaux, et en propose à la vente aux touristes du hameau. Je lui en ai acheté un pour la modique somme de 8,50 euros...
Quel bonheur d'acheter du miel directement auprès de la récoltante! Circuit court assuré! On l'a goûté pour la première fois ce matin, chez nous, et j'avoue qu'il était juste délicieux sur du pain grillé et légèrement beurré, un régal! Cela nous a rappelé tous ces moments magiques passés dans ce si bel endroit, séquence nostalgie!
Et mention spéciale pour le couvercle si joliment décoré!
Pour terminer, quelques photos pêle-mêle de notre séjour, sans trop de liens entre elles, mais pour vous donner une idée de l'ambiance en ce lieu si paisible...
En conclusion, nous retournerons au Hameau de Pichovet, c'est une certitude.
Quand? Nous ne le savons pas. L'année prochaine? Dans deux ans? Cinq? Dix? Nous avons été littéralement enchantés par ce séjour en ce havre de paix et de quiétude. Chéri et moi avons des boulots stressants et tournés vers les personnes vulnérables: lui est masseur-kinésithérapeute et moi, je suis auxiliaire de vie.
Et cette parenthèse enchantée au coeur du Luberon nous a permis de recharger les batteries pour mieux retourner nous occuper de nos personnes fragiles et/ou malades. Les deux solitaires que nous sommes avons été comblés par votre accueil, Michèle et Laurence, et comme le dit si bien Schwarzie dans le film Terminator:
We'll be back! 😉
A très bientôt!