16 Juin 2024
"Quand je vois de longues routes bitumées, j'adore ça. Là, avec le soleil, je vois la route au loin et ça me donne vraiment envie de courir longtemps, longtemps, longtemps. Et j'adore, j'adore ça. Je regarde mes allures au kilomètre, je regarde ma montre, je regarde mon altitude, je regarde mon temps... C'est ce que j'aime par-dessus tout."
Ces mots d'Anaïs Quemener, double championne de France de Marathon et survivante d'un cancer du sein très agressif, je pourrais facilement les prononcer moi-même.
Car oui, je suis officiellement tombée amoureuse de la route.
J'ai longuement tergiversé, me demandant si je préférais courir sur des sentiers en pleine Nature ou bien sur le bitume des avenues et autres artères routières. Mais tout récemment, le constat a été sans appel, j'aime la vitesse et le confort que confère une course sur route. Pas besoin de faire attention aux racines, aux gros cailloux ou à la boue des chemins: tout est plat et tellement facile pour pouvoir accélérer sans contraintes sur le goudron.
Et il m'aura fallu participer à une course officielle pour me rendre compte de cela, pour prendre conscience de mon amour pour le bitume! Et cette course s'est déroulée dans ce si beau département de la Haute-Loire que nous aimons tant, avec Chéri...
Bienvenue aux 15 kilomètres internationaux du Puy-en-Velay!
Les 15 kilomètres Internationaux du Puy-en-Velay est une course de renommée internationale qui s'y déroule chaque année depuis 1983 (rien que ça!).
Et cette année, pour la toute première fois de son histoire, cette compétition ne s'est pas déroulée un 1er mai comme pour toutes les éditions précédentes. Désormais, elle aura toujours lieu le premier dimanche du mois de mai.
L'épreuve consiste à effectuer deux boucles de 7.5 kilomètres dont le départ et l'arrivée se situent sur le grand boulevard bordant la célèbre place du Breuil qui se trouve être l'épicentre du Puy-en-Velay car suffisamment vaste pour accueillir toutes les festivités saisonnières de la ville comme la fête foraine, le marché de Noël ou encore l'évènement La Ferme s'invite en Ville... C'est donc tout naturellement que le podium ainsi que les chapiteaux abritant toute l'organisation de la compétition (retrait des dossards, médias, etc)... y sont installés.
Comme cette course est dotée d'un label international d'athlétisme, de grands coureurs venant de différents pays viennent s'y affronter dans le cadre de leur préparation. Notamment des Kényans ou encore des Éthiopiens, rien que ça! De plus, le très célèbre journaliste sportif Patrick Montel (que je suis sur les réseaux sociaux) est présent chaque année pour commenter la course.
Le dimanche 5 mai dernier, donc, Chéri et moi mettons le cap sur le Puy-en-Velay en début d'après-midi car la course débute à 15h30. Il nous faut environ une heure de route pour rejoindre la cité ponote depuis Saint-Just Saint-Rambert dans la Loire (42), où nous vivons.
Alors que nous roulons sur la célèbre N88 et passons notamment sur l'impressionnant viaduc du Lignon, je me pose des questions. Je n'ai jamais couru une telle distance auparavant. J'ai bien participé à la Course Nature Marcellinoise trois semaines auparavant et cela n'a pas été une franche réussite, il faut bien le reconnaître. Le parcours de 14 kilomètres avec ses 229 mètres de D+ sur des sentiers en pleine nature avaient eu raison de moi, surtout sur les 2-3 derniers kilomètres (voir mon compte-rendu de cette course ici ).
Je me rends donc au Puy-en-Velay avec une certaine appréhension.
Mais je me rassure en me disant que la configuration du parcours du jour n'est pas du tout la même. En effet, il s'agit de 15 bornes, certes, mais sur du plat et du bitume. Pas de racines, pas de boue, pas de gros cailloux et pas de dénivelé (ou très peu). Une épreuve assez roulante, en fin de compte.
Nous arrivons dans le centre de la cité ponote et nous nous apercevons assez rapidement qu'il va falloir nous garer un peu loin car aucun parking n'a été prévu par l'organisation pour les coureurs. Nous parvenons finalement à trouver une place à Vals Près le Puy. Il y a environ trois kilomètres à pied pour rejoindre la place du Breuil. Qu'à cela ne tienne! On se dit que c'est bien car ça va nous permettre de nous dégourdir les jambes après avoir fait la route, let's go!
Après avoir récupéré nos dossards, nous nous promenons un peu sur la grande place noire de monde et assistons aux courses réservées aux enfants qui précèdent celles des adultes. Il y a déjà beaucoup de spectateurs derrière les barrières de sécurité, la musique est à fond, le speaker se déchaîne dans son micro, l'ambiance promet d'être Rock&Roll! 😅
C'est toujours émouvant pour Chéri et moi de nous retrouver au Puy-en-Velay, sous le regard protecteur de Notre-Dame de France... Bon, même si je suis chrétienne protestante, je reste toujours admirative de l'architecture et des monuments catholiques...
Après avoir fait un tout petit tour en ville, nous retournons vers l'arche de départ et assistons au départ du 5 kilomètres. Puis on aperçoit Aurélien Rivet à l'entraînement...
Aurélien Rivet fait partie du gros club d'athlétisme local, Velay Athlétisme, et est une star locale des courses sur route, plutôt sur 10 kilomètres. On l'avait croisé en 2023, lorsque Chéri avait participé aux Boucles de la Loire à Brives-Charensac. Ce champion avait d'ailleurs gagné la course à l'époque et c'est ainsi qu'on avait découvert son immense talent. Depuis, on suit son parcours de loin. Avec son dossard numéro 43, il a bouclé l'épreuve en 49 minutes ce jour-là, bravo!🤩🤩🤩
Il est temps pour nous de nous échauffer, ce que l'on fait avec les autres coureurs dans les minutes qui précèdent le départ. Il y a beaucoup de vent ce jour-là, à tel point que l'arche de départ finit par s'écrouler quelques instants avant le coup d'envoi de la compétition. Elle est rapidement pliée et emportée par les organisateurs. Le stress monte au fur et à mesure que les runneurs se regroupent autour de nous, je n'en mène pas large... 😅
Un dernier selfie avec Chéri et le coup de pistolet retentit: c'est parti!
Chéri me souhaite bon courage et il disparaît vite en avant de moi, perdu dans la masse des coureurs. On commence par un long faux-plat montant qui s'étale sur plusieurs centaines de mètres. Je suis surprise car pour quelqu'un comme moi qui déteste le dénivelé, je ne ressens aucune gêne et je cours tranquillement. Il faut dire que j'ai fait un bon entraînement en dénivelé avec ma coach Laurence le mardi qui a précédé cette course et je suis certaine que ça m'a aidé pour les montées, ce jour-là.
On replonge assez rapidement vers le rocher de Saint-Michel l'Aiguilhe et on court même sur un faux-plat descendant sur plusieurs centaines de mètres, c'est royal! Depuis un moment, et par le plus grand des hasards, je cours derrière le lièvre officiel des 1h30. En fait, sur beaucoup de courses sur route, il y a des coureurs bénévoles (des hommes souvent) qui font la course affublés d'une pancarte sur laquelle est écrit un chrono, ça peut être 1 heure, 1h30, 2h, etc... En courant avec ces "lièvres", on est donc assurés de finir dans le temps qui est affiché sur leur pancarte. 🐇🐇🐇
On tourne à droite et hop, à nouveau un faux-plat montant. J'accroche toujours le lièvre. On pénètre à nouveau dans le coeur de la ville et je suis surprise par la ferveur du public. En effet, il y énormément de monde et ils ne ménagent pas leurs efforts pour nous encourager, ça fait vraiment plaisir! Je ne sais pas si les spectateurs se rendent comptent de l'impact positif qu'ils ont sur notre moral lorsqu'ils nous applaudissent comme ça, c'est chouette!
La course continue et on attaque une petite montée bien raide qui nous mène droit dans un quartier résidentiel. Je trouve cette partie de la compétition moins jolie et moins intéressante en terme de décor, plus monotone. Le ravitaillement se trouve là et je m'arrête quelques secondes pour boire un verre d'eau. Je perds le lièvre à ce moment-là, ça me contrarie un peu mais tant pis! On redescend rapidement vers le centre-ville et la place du Breuil. Environ 800 mètres avant de l'atteindre et d'ainsi boucler mon premier tour, les premiers déboulent, des Kényans dont le premier terminera la course en 43 minutes et 58 secondes!
Vous vous rendez compte: 15 kilomètres en moins de trois quarts d'heure! Ces mecs ne sont pas humains, ce sont des machines! 😲😲😲
Sur les photos ci-dessus, le célèbre journaliste sportif Patrick Montel qui est la voix historique de l'athlétisme dans les médias. J'aime sa façon d'interviewer des "coureurs lambdas" lors des compétitions. Car la plupart du temps, les médias s'intéressent plutôt aux champions, mais lui donne l'occasion aux "petits" runneurs de pouvoir s'exprimer. Voici d'ailleurs ce qu'il déclarait récemment dans une interview: "Tous les messieurs et mesdames « tout le monde » qui pratiquent un effort de longue durée (Marathon, trail , triathlon etc..) Ils consacrent énormément de temps à leur pratique, consentent beaucoup de sacrifices. Dans cette optique, ils sont leur propre champion olympique et à ce titre méritent un minimum de considération." Un grand Monsieur!
J'entame mon deuxième tour avec ce fameux faux-plat montant de début de course et grande surprise, les sensations sont encore bonnes et je ne m'arrête pas, alors que beaucoup marchent sur le côté de la route. Je suis trop fière! 😎
Pas grand-chose à signaler sur cette deuxième boucle, si ce n'est une sérieuse envie de faire la grosse commission alors qu'il me reste encore environ deux kilomètres avant l'arrivée, oups! La course à pied n'est pas toujours faite de moments glamours! 😅💩💩💩
A tel point que je suis obligée d'alterner marche-course sur environ un petit kilomètre. Je tente de me retenir tant bien que mal, c'est dur. Je fulmine intérieurement car sinon, je suis en super forme et j'adore cette course! Et puis, le miracle arrive car l'envie me passe enfin, mes sphincters ont fait leur taf, ouf! J'en profite pour vite reprendre la course. Plus d'incidents jusqu'à la fin, j'arrive sur cette dernière ligne droite qui mène jusqu'à l'arrivée. Je me sens bien, je suis vraiment heureuse de terminer l'épreuve en 1h37!
Je retrouve Chéri rapidement, il a bouclé sa course en 1h20, je suis tellement fière de lui, comme toujours! C'est chouette de partager ma passion du sport et de la course à pied avec lui! Il a un très bon niveau, sans vraiment s'entraîner beaucoup. 🤩🤩🤩
En conclusion, je peux dire que j'ai beaucoup aimé cette course et je pense bien y participer à nouveau l'an prochain!
Mais surtout, elle m'a fait prendre conscience que je préfère la route au trail. En effet, lorsque je cours sur du bitume, je n'ai pas besoin de me concentrer sur là où je mets mes pieds. Pas de boue, pas de racines, etc... tout est plat, tout est lisse, tout est facile. Du coup, j'ai tout le loisir de laisser mes pensées vagabonder sans risquer de trébucher sur un gros caillou. Je me sens tellement libre, en mode: "Je me baladais sur l'avenue, le coeur ouvert à l'inconnu..." 😅
Ce jour-là, je me suis jurée à moi-même que j'allais m'entraîner dur pour pouvoir participer à des semi-marathons ainsi qu'à des marathons un jour! Mais je ne ferai plus jamais de courses nature (ou très rarement): que des courses sur route maintenant...
Le dimanche 5 mai dernier, donc, je suis officiellement devenue ce qu'on appelle en anglais une "Road Runner", une routarde, et j'en suis fière!
🏃🏃🏃
A très bientôt!