17 Novembre 2024
Avé César!
Tels des gladiateurs des temps modernes, plusieurs milliers de coureurs/coureuses sont venus pour en découdre sur les chemins de la région de Nîmes et du Pont du Gard et vaincre les différentes distances de cette course qui est déjà en train de devenir mythique, après seulement 4 éditions, j'ai nommé...
La Veni Vici!
Et le samedi 9 novembre dernier, Chéri et moi sommes allés nous mesurer à cette épreuve sportive très exigeante, à l'ombre de ce monument millénaire bâti il y a presque 2000 ans par ce peuple bâtisseur et conquérant qu'étaient les Romains, cet aqueduc majestueux et très bien conservé enjambant la rivière Gardon.
J'ai nommé le Pont du Gard!
Il existe plusieurs formats de course pendant cette compétition: un 14 kilomètres, un 27 kilomètres, un 47 et un 82 kilomètres. Chéri et moi avons participé à la course de 14 kilomètres. Je pense que j'aurais pu tenter celle de 27 kilomètres, mais je suis en formation en ce moment (je passe le diplôme d'Assistante de Vie aux Familles) et je me consacre beaucoup à mes études en ce moment. Je révise énormément le soir quand je rentre du travail. Je préfère donc ne pas me lancer dans de trop gros entraînements pour l'instant et je me contente d'entretenir mon capital physique jusqu'au mois de mars prochain, moment où je pourrai vraiment accentuer mes volumes d'entraînement pour pouvoir courir des courses plus longues. Ce sera d'ailleurs le cas au mois d'avril puisque Chéri et moi sommes inscrits pour le semi-marathon du lac d'Annecy, j'ai tellement hâte!
Mais un autre évènement difficile a fait que je n'ai pas regretté mon choix d'avoir opté pour ce 14 kilomètres, au final...
En effet, il se trouve que trois semaines et demie avant le départ de la Veni Vici, j'ai fait une mauvaise chute en courant sur un sentier des Bords de Loire vers chez moi. C'était mon premier footing de récupération après une course officielle de plus de 13 kilomètres que j'avais courue trois jours auparavant dans notre commune d'habitation, à savoir Saint-Just Saint-Rambert dans la Loire (42).
Je sentais bien que je n'étais pas en jambe pendant cette sortie et au final, à 4 kilomètres avant de revenir chez moi, je suis lourdement tombée sur ce chemin très rocailleux mais tout plat que je connais pourtant très bien puisque je cours dessus une fois par semaine. Lorsque je me suis relevée, j'ai tout de suite constaté que je n'avais mal nulle part: pas de cassure, pas d'entorse, pas d'élongation, etc... Par contre, je m'étais entaillé le genou droit très, très profond. Du coup, je commençais à pisser le sang qui coulait le long de ma jambe. Je me suis dit que ça allait être beaucoup trop long pour moi de revenir en marchant: il fallait que je nettoie et que je désinfecte cette vilaine plaie, et vite!
J'ai donc pris la décision de revenir chez moi en courant et étonnamment, j'ai plutôt bien couru, même avec ma jambe ensanglantée! 😅 Je suis donc rentrée, j'ai nettoyé et désinfecté cette plaie. Peu de temps après, mon Chéri rentrait du travail et en voyant le cratère que j'avais dans le genou, m'a dit de m'habiller car il m'emmenait aux urgences illico presto! Nous nous sommes donc rendus aux urgences du CHU de Saint-Étienne à 20 heures le mardi 15 octobre. L'interne qui m'a examiné s'est exclamé "Ah oui, quand même!" en voyant la profondeur de ma plaie qui n'allait certes pas jusqu'à l'os, mais pas loin. Du coup, j'ai fini avec quatre points de suture et un arrêt de travail jusqu'en fin de semaine, avec interdiction formelle de faire du sport pendant dix jours!
Autant vous dire que j'étais dégoûtée car ces dix jours étaient décisifs dans mon entraînement pour la Veni Vici! Allais-je pouvoir courir cette course que j'attendais avec impatience depuis des mois?
Les deux semaines qui ont suivies mon accident ont été très difficiles psychologiquement car les infirmières que je connais me recommandaient de ne pas courir et me conseillaient même de ne pas participer à la Veni Vici. Et pas seulement ces infirmières, mais aussi mes proches, mes collègues de travail, etc... Il est vrai que je n'avais rien de cassé en interne, pas d'entorse, rien, mais la peau avait été sectionnée très profondément et tout le monde avait peur que ma plaie ne s'aggrave si je m'obstinais à continuer à vouloir courir...
Bref, tout le monde était vent debout contre ma pratique sportive, sauf une personne. Et cette personne, c'était mon Chéri. Il me répétait de ne pas écouter les autres et de m'écouter moi-même. Il a été le seul à me soutenir et à me dire que je pouvais le faire. Que je devais faire attention, certes, mais que je pouvais le faire tout de même.
Mon Chéri a été mon pilier, mon phare dans l'obscurité.
J'ai donc repris l'entraînement de façon très modérée dix jours après l'accident. Mon corps et ma plaie répondaient bien et ne m'envoyaient aucun mauvais signal. J'ai donc continué en intensifiant un peu les jours qui ont suivi...
A ce stade, je me suis dit que j'allais peut-être pouvoir prendre le départ, mais en n'étant pas bien entraînée et avec un cratère dans le genou qui avait du mal à cicatriser... Mais après tout, peu m'importait que j'arrive dernière, je voulais juste participer!
Trois jours avant le départ, j'ai donc pris la décision de m'aligner quand même sur cette course tant attendue et c'est remplie de joie que j'ai pris la route avec Chéri en ce vendredi 8 novembre pour descendre dans le Gard afin de récupérer nos dossards pour notre compétition du lendemain. J'étais tellement impatiente!
Trois heures après, nous sommes arrivés sur le site du Pont du Gard sous un beau soleil et sommes allés récupérer nos dossards et nos T-Shirts dans une salle de séminaire située à deux pas de ce monument romain remarquable classé au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1985. Nous sommes d'ailleurs allés nous y promener après les formalités administratives de la course.
Cet aqueduc romain a été bâti par les Romains dans la 1ère moitié du 1er siècle, possiblement entre 40 et 50 après Jésus-Christ. Culminant à plus de 48 mètres de hauteur, il est long de 275 mètres dans sa partie la plus haute. Constitué de trois étages couronnés par la voie de l'aqueduc en elle-même, ce chef-d'œuvre de l'ingénierie romaine servait à approvisionner la ville de Nîmes en eau. Il est l'un des monuments les plus visités en France.
C'est donc à l'ombre de ce géant millénaire que nous nous sommes promenés et que nous avons pris des photos. Nous voulions profiter du lieu, qui était encore calme et paisible en cette fin de matinée, avant l'effervescence du lendemain, jour de la course!
Après ça, nous sommes allés manger et nous promener à Uzès, classée Ville d'Art et d'Histoire. Son centre-ville est particulièrement bien conservé, offrant aux visiteurs de belles façades datant des 16ème et 18ème siècles. Je pense que j'écrirai très prochainement un article complet sur cette jolie ville d'environ 8500 habitants.
Puis nous avons rejoint l'hôtel que nous avions réservé pour toute la durée de notre séjour, à savoir pour trois nuits. Cet établissement est vraiment agréable et je pense que c'est lui que nous choisirons quand nous reviendrons courir un plus grand format de la Veni Vici un jour, le 27 kilomètres par exemple! 😅
Il s'agit de l'hôtel Le Gardon dans la jolie petite commune de Collias. Alors, certes, il faut traverser un lotissement résidentiel pour y arriver, mais comme il est tout au bout du village, il est perdu dans la garrigue gardoise et il y a même des jolis chemins de randonnée qui partent directement de l'hôtel et qui traversent des rangées d'oliviers centenaires. Malheureusement, nous n'avons pas eu le temps de les explorer plus que ça, mais ce n'est que partie remise puisque nous reviendrons sans doute un jour!
L'accueil des gérants était chaleureux et sympathique, la chambre (bon on a pris la moins chère, hein!) spacieuse et confortable, la literie de très bonne qualité (c'est important!) et surtout, la nourriture absolument délicieuse.
Car oui, cet hôtel fait également restaurant et nous y avons mangé le soir de notre arrivée. J'ai choisi un velouté de courge avec tuile de jambon sec et petites châtaignes en entrée. Puis, en plat principal, des linguines au pesto avec des gambas flambées au pastis et en dessert, j'ai décidé d'être raisonnable puisque nous avions notre course le lendemain, j'ai donc pris une salade de fruits et sa tuile aux amandes. C'était fait-maison et excellent! 😋😋😋
Le lendemain, douche froide. La météo avait radicalement changé et une petite pluie fine et froide avait fait son apparition. Comme le départ de notre course était prévu pour 14h30, on espérait que la pluie cesse entre temps... Nous avons donc pris un petit déjeuner très copieux à l'hôtel en consultant le site de Météo France toutes les trente secondes! 😅
Puis on a fait un petit tour dehors très rapidement avant de revenir à la chambre pour terminer de nous préparer.
Peu de temps avant de partir au Pont du Gard pour courir cette course que nous attendions depuis des mois!
Et vers midi, nous sommes partis pour le Pont du Gard. L'ambiance était de feu, c'était génial! Nous sommes allés voir l'arrivée des 27 kilomètres et acclamer ces champions, c'était beau! Un tapis rouge a été déroulé pour tous les finishers de la course, sur la ligne d'arrivée, rien que ça!
Et puis, doucement, et après avoir fait un dernier passage aux WC, nous sommes allés nous placer dans la foule des coureurs prenant le départ des 14 kilomètres. Nous étions 2600 runners à courir ce format, rien que ça! Du coup, l'organisation faisait partir des vagues de 100 coureurs par tranche de 4 minutes. Et il se trouve que Chéri et moi étions placés dans la deuxième vague à partir. Au fur et à mesure que les minutes passaient et que le départ approchait, je sentais ma nervosité augmenter. En effet, je savais que je n'étais pas suffisamment entraînée et j'avais encore ce fichu cratère dans le genou. Néanmoins, ma crainte n'était pas de ne pas pouvoir terminer la course, mais plutôt de tomber à nouveau et d'aggraver ma plaie. Je n'étais donc pas très sereine...
Puis le signal a retenti et notre vague est partie sous les acclamations du speaker et de la foule présente derrière les barrières. Je ne voyais plus Chéri au bout de 10 secondes, parti en en avant. Le début de la course était assez facile et j'ai essayé de carburer au maximum. En effet, le chemin était plat et louvoyait entre des oliveraies magnifiques. Puis la première montée est arrivée et nous nous sommes tous retrouvés au sommet d'une crête d'où l'on dominait les Gorges du Gardon et la rivière qui porte le même nom. C'était magnifique et je me suis arrêtée pour prendre des photos. En fait, je me suis souvent arrêtée pendant la course pour prendre des clichés de ces beaux paysages et des dizaines et des dizaines de coureurs me doublaient à ces moments-là. De plus, j'allais assez doucement pour ne pas prendre de risques inconsidérés, d'autant que les sentiers étaient très techniques, avec beaucoup de sentiers caillouteux, parsemés de racines et de grosse pierres lisses et extrêmement glissantes.
Il y a d'ailleurs eu de la casse sur cette course. A un moment, je suis arrivée à un détour du chemin, après une descente, et j'ai vu une jeune coureuse, assise dans l'herbe avec une couverture de survie dorée sur elle. Deux signaleurs l'entouraient. Plus loin, j'arrive au niveau d'un homme qui marchait en boitant. Je m'arrête à sa hauteur et lui demande si ça va. Il me répond qu'il est tombé et qu'il pense s'être fait une élongation du genou. Il rajoute qu'il va terminer la course en marchant, du coup, car il ne veut pas abandonner. Je lui recommande de faire attention, d'y aller doucement. Je lui souhaite bonne chance et poursuis mon chemin en espérant que tout aille bien pour lui.
Mais cette course était juste splendide, avec des paysages très variés. A un moment, on dominait des gorges, puis plus loin, on rentrait dans une forêt qui ressemblait à une jungle... Et puis, courir sur le Pont du Gard, sous les encouragements des spectateurs, c'était magique!
L'arrivée aussi était incroyable, sur ce tapis rouge dont je parlais précédemment. Chéri était là, il était arrivé environ 40 minutes avant moi, mon Champion! 🤩🤩🤩
En fait, cette course a été une révélation pour moi car il se trouve que je préfère courir sur route habituellement car je recherche toujours le chrono et la performance. On se pousse toujours à aller vite pour faire un 10 km, un semi ou un marathon. Il n'y a pas d'obstacle naturel, que du bitume bien plat et bien lisse, alors on a tendance à vouloir naturellement accélérer. Alors que pendant un trail, le rythme est complètement différent. Il faut accepter de marcher dans les passages compliqués et donc de "perdre du temps", il faut accepter de ne pas être dans une logique de compétition classique (sauf si on fait partie des élites, ce qui n'est pas du tout mon cas) et apprendre à ralentir pour profiter du paysage et des gens.
En fait, il faut apprendre à lâcher prise pendant un trail, il faut accepter les imprévus et ne pas les voir comme quelque chose de négatif, mais comme quelque chose qui va nous apporter de l'expérience...
Ce qui a accentué ce sentiment de lâcher-prise pendant ma course, c'est que j'avais oublié ma montre GPS à la maison. J'ai donc couru cette course sans avoir aucun repère en terme de distance, de fréquence cardiaque ou d'allure au kilomètre. J'étais complètement dans le flou, moi qui aime tout contrôler d'habitude! J'ai donc couru aux sensations pour la première fois (oui je suis accro à ma montre, oups) et cette expérience a été tellement libératrice! Pour une fois, j'ai vraiment profité de l'aventure et des paysages sans avoir les yeux rivés sur ma montre toutes les 30 secondes! J'ai pris mon temps, j'ai profité et j'ai pris du plaisir sans penser au chrono. J'étais dans l'instant présent!
J'avais envie de courir? Je courais. J'avais envie de ralentir? Je ralentissais. J'avais envie de m'arrêter pour observer un paysage quelques instants? Je m'arrêtais.
Bref, cela a été une expérience dont je me souviendrai pendant longtemps et cette course m'a réconciliée avec le trail. Du coup, je suis en train de regarder tous les trails que je vais pouvoir courir ces prochains mois, j'ai hâte! Et surtout, je ne veux plus porter ma montre GPS pendant ces courses nature. Je continuerai néanmoins de la porter pendant mes courses sur route...
Bref, après cette course, nous sommes rentrés à l'hôtel pour nous doucher puis nous sommes allés manger une bonne pizza dans un restaurant italien à Uzès, miam!
En conclusion, j'ai hâte de revenir courir un jour sur les chemins de cette magnifique Veni Vici. Mais ce ne sera malheureusement pas l'année prochaine puisqu'après vérification, je vais travailler le week-end où la course est organisée en 2025, snif! 😞😞😞
Mais ce n'est que partie remise car je pense que ce sera possible en 2026, dans deux ans. Donc quoi qu'il en soit, Chéri et moi serons de retour un jour car nous sommes officiellement devenus accro à cette magnifique course qu'est la Veni Vici! Et je tiens à remercier les organisateurs et les bénévoles car cela a été une expérience au top pour nous et sans vous, Messieurs Dames, cela aurait été bien différent! Un grand merci à vous pour ces instants inoubliables!
We'll be back!
A très bientôt!