5 Juin 2021
Je ne suis pas du genre à faire grasse mat' lorsque je suis fatiguée de ma semaine de travail. Je préfère enfiler une tenue confortable, mes grosses baskets de rando, un bon sac à dos et partir marcher sur les chemins passant à travers bois, forêts, champs, etc...
Dans une vidéo récente, la célèbre youtubeuse Jonna Jinton (dont je parle ici) explique qu'elle ressent souvent de la fatigue en hiver car, vivant dans le nord de la Suède, elle peut ne pas voir le soleil pendant un mois entier! Son remède, néanmoins, n'est pas de dormir plus, mais de sortir faire de longues promenades dans la Nature pendant l'unique heure de la journée où le soleil dépasse à peine l'horizon...
Belle leçon que celle-ci et qui nous montre que de faire de l'activité physique dans un environnement naturel peut nous remplir de force et de vitalité, malgré l'épuisement accumulé sur plusieurs jours.
En effet, la Nature a ce pouvoir, surtout au printemps comme maintenant, de nous régénérer et de nous revitaliser.
Des flux énergétiques la traversent et nous bénéficions de leurs bienfaits à chaque fois que nous cheminons en son sein. Le bruit d'un ruisseau ou du vent caressant les feuilles des arbres, les fragrances fraîches et parfumées distillées par les sapins et les fleurs, etc, tout cela contribue à recharger nos batteries. On se sent tellement mieux et reposé après une balade dans la Nature.
Et c'est justement pour une petite promenade revigorante au coeur du massif du Pilat (que j'aime tellement, comme vous le savez maintenant) que je vous emmène aujourd'hui...
Let's go!
Début mai dernier, Chéri et moi avons mis le cap sur La Versanne, petit village d'environ 350 habitants situé dans le massif du Pilat, massif montagneux de moyenne montagne situé entre Lyon et Saint-Etienne et à seulement une bonne trentaine de minutes de route de chez nous...
Comme vous le savez sans doute si vous me suivez un peu sur ce blog, nous adorons aller nous promener là-bas! Il faut dire que le Pilat offre une diversité de paysages assez remarquable, il y en a littéralement pour tous les goûts! Entre des crêts d'altitude parsemés de landes et balayés par les vents et les intempéries, de vastes prairies verdoyantes et fleuries, des bois de chênes ou de bouleaux, des forêts de sapins, des rivières et des lacs aux eaux cristallines, de pittoresques petits villages en pierres anciennes, etc..., le Pilat est devenu notre terrain de jeu préféré, avec de nouvelles découvertes à chaque fois que nous nous y rendons...
Mais surtout, le Pilat, ce ne sont pas moins de 1500 kilomètres de sentiers balisés, rien que ça!
Et c'est sur une petite portion d'entre eux que vous emmène en balade aujourd'hui, sur le Sentier des Moulins. Au départ de La Versanne, commune perchée au-dessus de la profonde vallée abritant la rivière Argental, cette courte et fraîche promenade, idéale aux beaux jours, longe les deux rives boisées de ce cours d'eau, dont la force alimentait autrefois plusieurs moulins...
Entre 1760 et 1854, de modestes moulins se sont installés le long de la rivière de l'Argental.
Quotidiennement, à l'époque, les habitants de La Versanne (appelés les Ruthiangers) poussaient leurs chars à boeufs sur ce chemin (qui était alors pavé) pour mener leur grain à moudre, leur bois à scier et parfois leurs pommes à presser pour le cidre. Mais le changement de siècle et ses bouleversements économiques seront fatals à nombre de ces bâtisses. Le moulin est alors jugé peu rentable, c'est l'exode rural, les goûts changent: on veut du pain blanc, une farine plus fine. Le boulanger remplace peu à peu le meunier.
Les petits moulins de l'Argental, rustiques et essentiellement producteurs de farine pour les bêtes, seront très tôt touchés par ces changements. Ils cessent leur activité et tombent en ruines (pour la plupart, car certains ont été réhabilités en maisons d'habitation).
C'est à la découverte de certains de ces bâtiments que je vous emmène aujourd'hui, et on va commencer par le moulin de la Rochette (photos ci-dessous). En ruines aujourd'hui, on devine encore son mur d'enceinte, qui forme un carré sur les bords de la petite rivière de l'Argental...
Ce moulin de la Rochette, dont on signale l'existence en 1833, exerçait deux activités: d'abord un moulin à blé produisant de la farine essentiellement pour les animaux mais aussi un moulin à scier qui débitait les troncs en planches et en éléments de charpente ou de menuiserie. Malheureusement, ce moulin fut le premier de la vallée à disparaître dans les années 1860...
Après avoir pique-niqué au bord de la rivière et à l'ombre de ces ruines centenaires, nous nous sommes remis en route. Sur le chemin, passages en sous-bois, verts pâturages et surtout, magnifiques primevères officinales en lisière du sentier. Selon la légende, Saint Pierre, en extase devant la beauté du printemps, aurait laissé tomber à terre les clefs du paradis. Celles-ci auraient germé, donnant naissance aux délicates fleurs jaunes de primevères, regroupées en touffe ressemblant à un trousseau de clefs.
Mais surtout, la primevère a des vertus médicinales non négligeables. En effet, grâce à ses saponosides qui irritent les muqueuses, la racine de cette plante a le pouvoir d'augmenter les sécrétions salivaires et bronchiques, et de fluidifier ces dernières.
Elle favorise donc l'expectoration et elle est recommandée dans la bronchite, la pneumonie, les toux grasses chroniques et la coqueluche. L'ESCOP la préconise d'ailleurs pour traiter les inflammations aiguës des voies respiratoires.
Les fleurs sont antispasmodiques, sédatives et anti-inflammatoires. On les emploie contre les insomnies des enfants, l'asthme et les allergies.
Infusion de fleurs de primevère: Contre la migraine, l'insomnie, la toux et les douleurs. D'un beau jaune d'or, elle répand un parfum agréable et sa saveur est délicieuse. On la prépare avec 4 à 6 grammes de fleurs ou 1 cuillerée à soupe par tasse d'eau bouillante. Faire infuser 10 minutes et prendre trois grandes tasses par jour, dont une au coucher.
Après une dizaine de minutes de marche, nous sommes arrivés à un croisement et avons tourné à gauche pour aller au moulin du Pêcher. Celui-ci figure parmi les plus vieux moulins de la vallée: on signale son existence dès 1760!
De nos jours, seule l'habitation du meunier, construite en 1861, a été conservée. Le moulin est en ruines.
Mais le plus remarquable, c'est cette croix, au coin de la ferme, qui arbore, à la place habituelle du Christ, un soleil radiant. Elle abrite aussi, dans une niche à sa base, une statue de saint François-Régis. Jésuite dans le Vivarais protestant, ce religieux vint évangéliser dans le Pilat et convertir les calvinistes.
Après avoir dépassé le Moulin du Pêcher, nous avons rejoint une large piste forestière que nous avons parcourue sur un bon kilomètre, puis nous sommes descendus sur un chemin qui nous a menés à l'extrémité du village de La Versanne.
Il ne nous suffisait plus que de marcher encore un peu pour rejoindre le centre du bourg près duquel nous avions garé la voiture. Sur le chemin, nous sommes passés par le Moulin de Brenade (on peut voir Chéri marcher sur un chemin passant entre les deux bâtiments formant le moulin sur une photo ci-dessous).
Alors que la farine obtenue dans les autres moulins de la vallée était grossière car le grain ne passait qu'une seule fois dans les meules, celle obtenue au Moulin de Brenade était plus fine et n'avait pas besoin d'être tamisée par les consommateurs avant utilisation. Et pour encore mieux servir ses clients, Jean-Louis Morel, le meunier de l'époque, installa un ensacheur et un blutoir chargé de tamiser la farine.
Cette modernisation effectuée au début du 20ème siècle permettra au moulin de survivre alors que les fermetures de moulins alentours s'accélèrent.
De plus, les deux guerres mondiales permettent à la famille Morel de poursuivre l'activité . Le moulin s'avère alors providentiel pour s'approvisionner pendant les restrictions et nourrir les bêtes de farine d'avoine. Dans les années 1940, Marius Morel, descendant direct des meuniers ayant construits la bâtisse au 18ème siècle, écrase le grain et cuit le pain sur place. Malheureusement, le moulin a été vendu en 1968 et transformé en habitation.
Enfin, avant de repartir, j'ai pris quelques photos de l'extérieur de l'église de La Versanne, l'église Saint-Didier...
Rénovée depuis 2002, ses origines remontent au 13ème siècle. L’église actuelle date du 17ème siècle. Restaurée en 1863, elle prend une ordonnance intérieure d’inspiration byzantine. Une flèche surmonte le clocher et une belle croix en fer forgé embellit son parvis.
Voici donc pour cette si jolie balade au coeur du massif montagneux du Pilat!
Courte et très facile, elle permet de se ressourcer dans la Nature et de recharger les batteries en vue d'une nouvelle semaine de travail. Mon Dieu, comme je pourrais passer des journées entières dans la forêt! Je sais, je sais, ça fait bizarre, genre la nana, c'est une zinzin de la Nature, ha ha! Je ne peux pas décrire l'émerveillement que je ressens lorsque je marche sur un sentier dans la campagne, j'ai l'impression d'être là où je devrais être et j'ai l'impression d'être réellement moi-même dans cet environnement...
Et vous, chers lecteurs, ressentez-vous la même chose lorsque vous vous promenez dans la Nature?
A très bientôt!