28 Avril 2024
C'est un bruit devenu familier.
Ce son si typique des débuts de courses à pied. Le battement de ces centaines de chaussures de running foulant le bitume: tap, tap, tap. 👟👟👟
C'est comme une mélodie, une symphonie de l'effort qui débute.🎶
Une fois l'arche de départ avec sa frénésie et son ambiance survoltée passée, le silence règne, seulement perturbé par ce bruit régulier, comme un métronome qui bat la mesure dans cette partition qui débute et qui sera différente pour chaque coureur.
Je ne peux m'empêcher d'observer chacun d'entre elles et eux dans ces premiers instants après le coup d'envoi de ce concert d'émotions contradictoires. Quelles ont été leurs répétitions (entraînement), quels instruments (matériel) ont-ils utilisés, quelle a été leur inspiration (motivation), etc... pendant les jours, les semaines qui ont précédés ce moment magique et qui font de chacun de ces coureuses et coureurs les virtuoses d'un nouveau genre, les musiciens du macadam et des sentiers de terre...
Tap, tap, tap...
Lever à 6 heures du matin en ce dimanche 14 avril 2024, ça pique!
Chéri et moi restons encore 5 minutes au lit, on traîne, on sait qu'une matinée éprouvante physiquement nous attend. Surtout pour moi, qui n'ait jamais couru plus de 11 kilomètres, même en entraînement...
Mais la météo est très prometteuse, une journée radieuse s'annonce dans les premières lueurs de l'aube. Je sirote mon shake protéiné à la vanille en regardant le ciel, à travers la porte-fenêtre du salon. Aujourd'hui, nous courons tous les deux le 14 kilomètres de la Course Nature Marcellinoise, à Saint-Marcellin en Forez, une commune semi-rurale se situant à environ 15 minutes de Saint-Just Saint-Rambert où nous vivons avec Chéri.
Flasque d'eau remplie, check. Petit encas glissé dans le sac, check. Épingles à nourrices pour accrocher le dossard, check. Crèmes anti-frottements mise, check. Téléphone chargé pour prendre pleins de photos, check. Une course, c'est un rituel: tellement de petits gestes accomplis machinalement pour passer l'épreuve de la façon la plus sereine.
Vers 7h40, on met les voiles. On arrive tôt à la salle des Fêtes de Saint-Marcellin en Forez, où sont distribués les dossards et les petits goodies aux coureurs. Ce n'est pas encore la bousculade, j'ai le temps de passer aux toilettes où je tombe, soit dit en passant, sur le maire de Saint-Etienne himself, Gaël Perdriau, qui court le 21 kilomètres, le courageux!
Après cette rencontre inattendue, il est temps de retrouver les copains et copines du club d'athlétisme auquel j'ai adhéré quelques semaines plus tôt, le FAC (Forez Athlétic Club) d'Andrézieux-Bouthéon. Je parle d'ailleurs de mes premiers pas dans ce club dans un précédent article que vous pouvez retrouver ici. Je prends une photo avec Carole (la dame au t-shirt gris et blanc plus bas), l'infirmière libérale avec qui je travaille parfois et qui m'a recommandé d'intégrer le FAC pour m'améliorer dans ma pratique de la course à pied. Elle a un niveau stratosphérique dans ce sport, monte sur de nombreux podiums lors de compétitions et est d'ailleurs arrivée première féminine de cette course de 14 kilomètres, pas étonnant! J'avoue que j'aimerais avoir le même niveau qu'elle, elle est tellement inspirante! 🤩🤩🤩
On fait également une photo de groupe avec d'autres membres du club que je ne connais pas encore très bien puisqu'ils évoluent dans des groupes dont la pratique de la course à pied est plus avancée. Mais j'ai senti que le fait de porter le même t-shirt qu'eux m'incluait dans leur "famille", peu importe mon niveau. J'étais touchée, d'autant que ce sont eux qui sont venus me chercher pour prendre la photo!
Puis, un petit selfie avec mon Chéri avant de prendre le départ. A 9h30, la course de 14 kilomètres (la nôtre) s'élance dans les rues de la petite ville de Saint-Marcellin en Forez avant de partir sur des sentiers surplombant la commune...
On commence dans un secteur boisé, le bois de Rachasset, avec des sentiers parfois très boueux qui nous obligent à marcher (impossible de courir car on glisserait et ce serait la chute assurée), ce qui a le don de m'exaspérer un peu car ça casse mon rythme.
Il fait encore frais à l'ombre des arbres, mais ça se gâte lorsqu'on passe sur des sentiers plus exposés à la lumière du soleil car la température monte vite et je crains la chaleur, bien plus que le froid. Et je perds à nouveau du temps lorsque je suis obligée de m'arrêter vers La Roche pour enlever mon dossard. En effet, il me gêne car il se prend un peu dans les fils de mon sac d'hydratation et fait un bruit épouvantable. Obligée, donc, de retirer les épingles à nourrice unes à unes puis de tout mettre dans mon sac, opération qui me fait perdre une ou deux minutes. Je fulmine intérieurement. C'est à ce moment là que Franck me dépasse et m'encourage au passage.
Franck fait partie de mon groupe d'entraînement au club d'athlé. Il est un très bon ami à Carole, l'infirmière dont je parlais précédemment, et ce depuis nombre d'années. Bref, on passe la course à se doubler l'un l'autre à différents moments. On arrive ensemble au ravitaillement, on boit un coca et on repart quasiment simultanément. On a à peu près le même niveau et de ce fait, on se suit l'un l'autre sur toute la durée de la course.
Jusqu'à ce que je commence à faiblir à deux-trois kilomètres de la fin. Je pense qu'il l'a senti et il m'a attendue! Je suis très surprise lorsque j'arrive à sa hauteur: il veut même prendre un selfie avec moi, ce qui m'étonne grandement dans le sens où on ne se parle pas énormément lorsqu'on s'entraîne avec les autres au club. Mais je me prête au jeu et on prend cette photo (celle sur laquelle je lève le pouce et que vous pouvez voir plus bas). Je suis déjà dans le orange foncé, presque rouge, à ce stade de la course. Je suis épuisée. Il me demande si j'ai encore des jambes et je lui réponds que oui, ce qui est vrai, mais plus pour très longtemps, je le sens (mais ça, je ne lui dis pas!😅).
On court côte à côte maintenant et je ne tarde pas à lui dire de continuer sans moi, qu'il peut terminer la course à son allure sans se préoccuper de moi. Il me rétorque qu'il en est hors de question, qu'il n'est pas comme ça et pour faire quoi? Gagner 30 secondes? Je ne réponds rien, je suis trop fatiguée pour protester. Plus loin, je lui fait part de l'objectif que je m'étais fixé avant de prendre le départ: courir la course en 1h45 ou moins. Direct, il regarde sa montre. On en est à 1h28 et il reste un peu plus de deux kilomètres. Il me répond que c'est jouable si on ne marche plus jusqu'à l'arrivée.
Plus loin encore, il me dit qu'il voit Carole. Carole? Je lève la tête et oui, elle est là, sur le bord de la route, avec un autre bon coureur du FAC. Elle a déjà passé la ligne d'arrivée depuis un bon moment et elle est revenue en arrière pour venir nous chercher.
Je suis émue aux larmes. Son geste me touche énormément, d'autant que ça y est, je suis vraiment dans le dur. Franck me dit de passer derrière lui et de courir en regardant ses pieds et en ne me concentrant que sur ses pieds. Il va me servir de lièvre sur environ 700 mètres, sous les encouragements de Carole. La chaleur est accablante et j'ai de la peine à trouver mon souffle. Chaque cellule de mon corps m'ordonne d'arrêter, de mettre fin au supplice, mais mon esprit s'y refuse et je continue malgré tout. Un pas devant l'autre, ne pas flancher si près du but. Et au bout de ce qui me paraît être une éternité, on arrive en vue de la ligne d'arrivée. Je vois mes parents, mes beaux-parents et surtout, mon Chéri (qui est arrivé depuis longtemps, presque une demie-heure avant!) derrière les barrières, en train de m'encourager.
Franck est juste à côté de moi, il a le nez levé en l'air: il regarde le chrono officiel et me dit qu'on l'a fait! On a bouclé la course en 1h45 et 11 secondes. Je lui attrape la main, la serre dans les miennes et le remercie. Sans lui, je n'y serai pas arrivée. En plus, il a eu la délicatesse de me laisser passer avant lui sur la ligne d'arrivée, ce qui fait que j'ai une seconde d'avance sur lui au classement, alors qu'il m'a traînée sur les deux derniers kilomètres!😅
C'est officiel: Franck est devenu mon grand frère de course à pied! 🏃♀️🏃♀️🏃♀️
J'ai hâte de retrouver Chéri après la course. On se retrouve au milieu de la foule, bientôt rejoints par Carole que je remercie chaleureusement pour ses encouragements qui m'aidaient dans ces derniers mètres si difficiles! Elle a terminé la course en 1h08 et mon Chéri en 1h18, mon Champion!😍😍😍
Puis, Franck vient me voir pour me dire qu'il a des coupons pour la fameuse bière offerte à tous les finishers (et dont j'ai entendu parler pendant toute la course!🍺), mais il faut qu'on parte rapidement avec Chéri car mes parents nous ont invité chez eux pour boire l'apéro (sans alcool pour moi puisque je ne bois pas d'alcool). D'ailleurs, je n'ai pas dit à Franck que je ne bois pas d'alcool, il faudra que je le fasse...
L'après-midi, nous sommes allés nous promener sur les Bords de Loire avec Chéri, une petite marche tranquille de 6 kilomètres. Et grande surprise, un coup de fil de Laurence ma coach à ce moment-là. Elle n'avait pas pu être présente pour la course mais elle souhaitait avoir mon ressenti. Elle m'a dit que c'était la première fois que je participais à une compétition sous les couleurs du FAC et elle m'a officiellement souhaité la bienvenue au sein du club. Lorsque je lui ai raconté que Franck m'avait servi de lièvre et que Carole était revenue en arrière pour m'encourager, elle m'a dit que ce n'est pas surprenant car c'est ça l'esprit d'un club d'athlétisme: on s'encourage les uns les autres et on fonctionne comme une famille, une communauté.
Autant dire que cet appel m'a fait chaud au coeur, d'autant que je ne m'y attendais pas du tout!
Et enfin, nous avons clôturé cette magnifique journée par une pizza (végétarienne pour moi). C'est notre petite tradition avec Chéri, on se commande toujours des pizzas lorsqu'on a participé à une course dans la journée, miam! 😋😋😋
Et voilà, ma première course officielle de plus de 10 kilomètres: une course nature de 14 kilomètres avec 229 mètres de D+!
Mon objectif était déjà de la terminer et si possible en 1h45, et c'est chose faite. Néanmoins, la fin a été laborieuse et je me rends compte que j'ai encore beaucoup de chemin à parcourir au niveau de mes entraînements. J'ai très envie de m'aligner sur des semi-marathons (21 km) et il faut encore que je travaille ma technique. Mais je suis quelqu'un de très patient en ce qui concerne cette pratique sportive, donc je sais que ça viendra tôt ou tard: lentement mais sûrement.
Car le principal, c'est avant tout de prendre du plaisir, n'est-ce pas?
Et enfin, une dernière chose (et pas des moindres): je souhaite remercier tous les bénévoles pour ce moment exceptionnel. Ils étaient nombreux à faire en sorte que nous passions tous une bonne course, la logistique était top! En plus, ils étaient tous charmants et avaient tous le sourire! Un grand merci à l'organisation!
A très bientôt!