30 Octobre 2020
Une terre de traditions et de légendes située dans le delta du Rhône, dans le sud de la France. Une terre humide où se côtoient marais salants, rizières, sansouïres* et étangs au pied de remparts médiévaux datant de plusieurs centaines d'années. Un territoire où les majestueux flamants roses évoluent aux côtés de taureaux et de chevaux blancs emmenés par les célèbres gardians dans leurs manades... Les connaisseurs auront compris que je vais parler de ce si beau coin de France, à savoir la Camargue!
Comme vous le savez si vous suivez ce blog, Chéri et moi avons passé nos vacances d'été au Grau-du-Roi cette année. Nous nous rendons dans cette si belle région au moins une fois par an pour y passer un long week-end ou carrément des vacances! Il faut dire que les grand-parents de Chéri y ont un appartement, ce qui facilite grandement les choses!
Pendant notre séjour là-bas, lors d'une journée nuageuse (nous ne pouvions donc pas aller nous bronzer paresseusement sur la plage, hi hi!), nous avons décidé d'aller faire un tour du côté de la capitale de la Camargue, à savoir les Saintes-Maries-de-la-Mer. J'avais entendu parler d'une superbe réserve ornithologique que nous n'avions jamais visitée et qui se trouve à quelques kilomètres seulement de la cité Saintoise.
En route pour le parc ornithologique du Pont de Gau, let's go!!!
Il faut préciser que la Camargue se situe en plein dans l'axe de migration des oiseaux du Nord de l'Europe vers l'Afrique. Elle forme donc un relais vital pour l'avifaune et est une halte migratoire majeure pour les canards, les flamants roses et tous les oiseaux d'eau en général (plus de 150 000 oiseaux y transitent chaque année). Une réserve ornithologique y avait donc toute sa place!
Celle que je vous emmène découvrir aujourd'hui est fondé en 1949 par un Camarguais passionné de Nature, André Lamouroux. Petit parc à l'époque, il est repris en 1974 par son fils René, qui l'agrandit et l'aménage avec de nouvelles infrastructures plus modernes. De plus, il crée un centre de soins de la faune sauvage qui accueille près de 600 oiseaux blessés chaque année. Au début des années 70, ses trois fils le rejoignent et continuent sa mission de préservation de l'environnement floristique et faunistique local.
A l'heure actuelle, cette réserve a une superficie de 60 hectares et plus de 7 kilomètres de sentiers, ponctués de nombreux abris d'observation, pour une balade au plus près de toutes ces espèces d'oiseaux!
Nous nous sommes donc promenés, Chéri et moi, sur ces sentiers aménagés et avons pu observer de nombreuses espèces comme le flamant rose (évidemment), mais aussi des avocettes, différentes espèces de hérons, des vanneaux, etc... Le parcours était jalonné d'observatoires en hauteur, mais aussi d'abris d'observation en bois, pour pouvoir contempler les oiseaux en toute discrétion. C'était tellement fascinant que j'aurais pu rester des heures à les regarder, mais si on restait trop longtemps sur place, on se faisait littéralement dévorer par des moustiques très agressifs et très affamés! Je suis d'ailleurs revenue de cette escapade Saintoise avec une trentaine de piqûres, sans plaisanter! Je recommande donc la visite de cette réserve en pantalon et en t-shirt à manches longues, hi hi!
Mais l'observation la plus incroyable, c'était celle de cette magnifique libellule rouge, la Sympetrum Rouge-Sang. J'étais littéralement hypnotisée par la vue cet insecte, je n'avais jamais rien vu de tel! Il paraît que c'est une espèce très répandue en France et en Europe, ce qui montre bien mon ignorance quant à la faune sauvage en général... L’habitat préféré des Sympretrum rouge sang sont les points d’eau calmes. Les eaux stagnantes telles que les mares, étangs, marais lui conviennent particulièrement bien. La Camargue est donc un endroit idéal pour cet insecte...
* Les sansouïres sont ces milieux naturels si caractéristiques de la Camargue. Nous nous promenons d'ailleurs à travers eux sur les photos ci-dessous. Il s'agit de ces terres sèches, craquelées (mais inondables) d'où émergent des buissons de salicorne, de soude ou de saladelle, plantes qui supportent bien des taux élevés de salinité.
Sur la photo ci-dessus, de la saladelle de Narbonne, qui est une plante endémique de la Méditerranée. Elle affectionne les sols salés et sablonneux. Avec la soude et la salicorne, elle est une plante dite "halophyte", c'est-à-dire qui supporte d'importantes concentrations de sel. La saladelle transpire par d'invisibles pores, appelés stomates. On peut alors observer, sous chaque feuille, de délicats amas de sel que la plante rejette...
Après nos 7-8 kilomètres de marche dans cette réserve ornithologique, nous avons décidé de pousser une pointe jusqu'à la ville des Saintes-Maries-de-la-Mer, capitale de la Camargue.
Nous avons commencé par la visite de son église, Notre-Dame-de-la-Mer, épicentre de la cité Saintoise. Il s'agit d'un édifice roman du IXe siècle classé aux Monuments Historiques depuis 1840.
A l'intérieur, on y voit notamment une représentation de Marie-Jacobé et Marie-Salomé dans une barque et entourée d'ex-votos. Cela rappelle l'histoire de ces deux femmes, à savoir qu'elles suivaient Jésus-Christ (elles sont d'ailleurs mentionnées dans la Bible). La légende raconte qu'après la mort du Christ par crucifixion, elles ont été arrêtées comme chrétiennes avec Marie-Madeleine et leur petite servante noire, Sara. Pour les exécuter, on les a mises sur un petit bateau sans voile ni rame pour mourir de faim sur la mer. Mais la barque aurait traversé la Méditerranée et serait venue s'échouer en Gaule au port nommé depuis "les Saintes Maries-de-la-Mer".
Avec le temps, la petite servante noire (qui serait en fait une princesse éthiopienne en fuite car persécutée dans son pays) est devenue la sainte patronne des Gitans et sa statue trône dans la crypte de l'église (vous pouvez la voir sur l'une des photos ci-dessous, revêtue de nombreux vêtements colorés). Les Gitans convergent d'ailleurs chaque année vers la cité Saintoise au mois de mai pour la vénérer pendant deux semaines pendant lesquelles ils emmènent sa statue dans la mer et l'immergent à mi-corps lors d'une procession populaire. Le lendemain, c'est la statue de Marie-Jacobé et Marie-Salomé dans leur barque qui est emmenée en mer lors des mêmes festivités.
Après avoir visité l'intérieur de ce si joli édifice, nous sommes montés à son sommet (moyennant finance, bien entendu: 3 euros par personne, si mes souvenirs sont bons) par un escalier exigu en colimaçon. De là-haut, une vue imprenable sur les toits du village, mais aussi sur la mer et les étangs camarguais, au loin. C'était magique d'être là, à observer ce magnifique panorama à 360°!
Nous sommes finalement redescendus du toit de l'église et avons arpenté les ruelles étroites de la cité Saintoise, jalonnées de petits commerce d'habillement et de spécialités locales. Nous avons d'ailleurs acheté de la Rouille du Pêcheur, plat typique de la région, fait de morceaux de pommes de terre accompagnés d'une sauce crémeuse aïoli/rouille safranée ainsi que de lanières de poulpe. Et nous nous sommes également laissés tenter par les fameuses Tellines, ces petits coquillages assaisonnés et emblématiques de la cité Saintoise. Un régal!
Voilà donc pour cette petite escapade en plein coeur de la Camargue. Cette région est magnifique et tellement riche en terme d'environnement et de biodiversité! J'ai tellement aimé m'y promener et découvrir ses trésors naturels et culturels...
Malheureusement, elle est menacée par la montée des eaux qui est une conséquence directe du réchauffement climatique. En effet, la réduction de la banquise, du jamais vu depuis 1 000 ans, augmente le niveau de la mer de 3,6 mm par an, deux fois plus qu’au début de la révolution industrielle du 19ème siècle. En Camargue, les biologistes ont constaté que la côte est en train de reculer inéluctablement et prévoient que ce si beau coin de France pourrait être submergé sous un mètre d'eau à la fin du siècle.
J'ai bien conscience que nous n'avons pas le pouvoir d'influer directement sur la montée des eaux dans le monde. Mais nous pouvons agir indirectement sur le réchauffement climatique en adoptant des gestes simples, à notre petite échelle, comme de réduire nos déchets, recycler autant que nous pouvons, utiliser moins de plastique, acheter local, privilégier le vélo ou les transports en commun si l'on peut, etc...
Ce n'est pas une fatalité: il y a encore de l'espoir! Ce sont avec des petites gouttes d'eau qu'on forme de grands océans! Chacun d'entre nous, soyons une goutte d'eau dans l'océan de la préservation de l'environnement! Ensemble, nous pouvons y arriver!
A très bientôt!